Le sanctuaire des apparitions de la Vierge Marie à Cotignac (Var) fête cette année son 500e anniversaire. Un jubilé qui doit voir pendant quatre cents jours les pèlerins recevoir les grâces abondantes promises par Marie. Aleteia en a rencontré.Perché dans l’arrière-pays varois, au milieu des vignes et des oliviers, Cotignac est un sanctuaire exceptionnel. Pas moins de trois apparitions ont consacré ce lieu à Notre-Dame de Grâces, à la Sainte Famille et à saint Joseph. La première en 1519, la Vierge Marie portant l’Enfant-Jésus apparaît avec saint Bernard de Clairvaux et saint Michel à Jean de la Baume. Elle lui demande de bâtir un sanctuaire et de venir en procession pour « recevoir les dons que je veux y répandre ». La seconde a lieu en 1637 alors que la France espère un héritier du trône. La Vierge Marie apparaît cette fois au frère Fiacre et l’envoie demander à la reine Anne d’Autriche de réciter trois neuvaines dont une à Notre-Dame de Grâces de Cotignac. Elle sera exaucée par la naissance de Louis Dieudonné, futur Louis XIV. La dernière apparition remonte à 1660. Non loin du sanctuaire, saint Joseph apparaît à un berger assoiffé et fait jaillir une source qui coule encore aujourd’hui.
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Un condensé de vie spirituelle
« Ce jubilé va permettre de donner un nouvel élan au message apporté par la Sainte Famille, explique à Aleteia le père Hubert-Marie, recteur du sanctuaire. Comme des enfants gâtés, nous sommes invités à venir et revenir demander des grâces à Marie. Elle donne avec surabondance ». Message reçu pour Clémentine et sa famille. Ils ont été parmi les premiers pèlerins à venir faire la démarche jubilaire. Ce petit pèlerinage est un condensé de vie spirituelle : en une journée, il permet, accompagné de la Vierge et des saints, de se rapprocher de Jésus, de se laisser toucher par Lui. Comme si on quittait le train de banlieue de la vie quotidienne pour monter dans un TGV et faire un pas de géant dans la foi.
Surprise en arrivant : le sanctuaire a été spécialement aménagé pour cette année de grâces. Une nouvelle statue de Marie est installée à l’entrée du parking, les jardins sont défrichés pour laisser place à un parcours en plusieurs étapes, une nouvelle porte sculptée ouvre sur le parvis de l’église, des oratoires sont élevés sur le chemin menant au sanctuaire de saint Joseph… Pour Clémentine : « On se sent attendu ! J’ai l’impression qu’on nous prend par la main pour faire la démarche jubilaire. »
Cinq étapes
Après être passés à l’accueil, les pèlerins sont invités à suivre un parcours en cinq étapes. D’abord le parcours des saints : « Les saints nous conduisent à Marie, notre mère et reine car ils savent qu’elle est le chemin royal vers Jésus », précise le dépliant remis aux pèlerins. À chaque station, des saints modernes et contemporains sont brièvement présentés, avec des citations à méditer. Dans le cœur de Clémentine, certaines font mouche, comme celle de Chiara Luce Badano : « La douleur, il ne faut pas la gaspiller. Elle a un sens si on en fait une offrande à Jésus. » Entre chaque station — elles sont sept comme les Béatitudes — le pèlerin récite un Ave Maria.
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Direction ensuite l’espace marial. Au sol de ce demi-cercle, une calade a été réalisée. C’est une technique de pavement provençale en galets. Elle représente le M de Marie surmonté d’une croix. Tout autour, huit panneaux permettent de « s’imprégner des mystères de Marie, se mettre à l’école de notre mère l’Église ». Les pèlerins sont ensuite invité à emprunter l’escalier et la porte sainte. Il comporte 33 marches, comme les années de la vie du Christ. Il se monte « en communion avec Marie, sur le chemin du Golgotha ». Toutes les dix marches, le pèlerin est invité à dire un Ave Maria et à s’agenouiller s’il le souhaite. Pour Béatrice, la mère de Clémentine, cette étape a été un moment extraordinaire : « Après le parcours de lecture édifiante et souvent émouvante de la vie des saints, j’ai ressenti une vraie contrition de mon état de pécheur. Ne me sentant pas digne de monter avec légèreté les marches accédant à la Porte Sainte, je me suis retrouvée à genoux, marche après marche, et c’est ainsi que j’ai franchi la Porte ».
Marie accueille tous ses enfants
Passée la porte sainte, il est temps de gagner l’église. Elle est parée de tentures bleues et blanches. Le pèlerin y avance, comme happé par la statue de la Vierge à l’Enfant qui domine le chœur. Là, au pied de l’autel sur lequel elle est apparue, on peut tout déposer, tout confier. « Je suis venue avec un sac à dos lourd d’intentions de prière, raconte Clémentine : pour des couples amis qui se déchirent, mes enfants, mon boulot où je ne m’entends pas avec ma chef… Je me suis confessée et le prêtre m’a dit : ˝Puisque vous avez passé la porte sainte, vous avez tout laissé de l’autre côté.˝ Cela m’a libérée. Puisque j’ai tout remis à Notre Dame de Grâces, cela m’aide à faire confiance chaque jour ». Puis, les pèlerins sont invités à « faire entrer profondément les grâces reçues par un temps d’adoration » dans la toute nouvelle crypte où « l’adoration continue est une grâce du Jubilé », souligne le père Hubert-Marie.
Il est temps ensuite d’emprunter le chemin vers saint Joseph et la Sainte Famille. Tout au long de ce chemin qui circule entre les pins, les genévriers, le thym et le romarin, six oratoires permettent de méditer un aspect de la vie de saint Joseph et de la Sainte Famille. Au terme d’une petite heure de marche, les pèlerins arrivent aux pieds de la statue de saint Joseph. Ils sont couverts de papiers sur lesquels sont inscrites les intentions des pèlerins.
« Cotignac doit nous faire revivre quelque chose de l’esprit de Nazareth » a indiqué Mgr Rey le jour de l’ouverture du Jubilé. Comme en écho, Jeanne, 15 ans, a inscrit cette prière sur le livre d’or : « Ton amour infini nous a réunis, Seigneur, et nous te disons merci. Merci pour la joie que tu as semée au sein de notre famille. À l’exemple de la très Sainte-Famille dont nous avons vu le visage plus que jamais réel, nous te demandons de toujours porter notre famille dans cet amour, cette confiance et ce partage que nous avons vécus à Cotignac, afin que la lumière que nous portons ensemble se propage autour de nous. Amen. »