Les récréations peuvent être longues pour un enfant un peu timide ou isolé. Les bancs de l’amitié changent la donne : au lieu de rester seul dans son coin, s’asseoir sur ce banc coloré permet de se faire de nouveaux amis, et invite à la compassion.C’est lors d’une réunion de délégués de classe qu’est née l’idée d’un banc de l’amitié dans une école primaire du Val d’Oise. Alors que les jeunes élus, dans leurs petits souliers, prenaient tour à tour la parole face à la directrice de l’établissement pour exposer leurs revendications diverses et variées, un élève a suggéré, entre un menu de cantine et un espace dédié aux billes, d’installer un banc un peu spécial dans la cour de récréation : un banc de l’amitié.
– Mais qu’est-ce que c’est, un banc de l’amitié ? demande alors la directrice.
– J’ai lu ça dans Filoteo (ndlr : un magazine pour enfant d’éveil à la foi) ! C’est un banc sur lequel viennent s’asseoir les enfants qui sont tout seuls, pour que d’autres viennent les chercher pour jouer.
L’idée conquiert l’équipe pédagogique. Quelques semaines après, un banc de la cour est repeint de couleurs vives, et inauguré solennellement devant un parterre d’élèves attentifs. Le principe est simple et empreint de bienveillance : quand un enfant n’a pas de camarade avec qui jouer, il peut s’asseoir sur le banc et attendre qu’un autre enfant vienne lui parler ou l’invite à rejoindre son groupe d’amis. « C’est comme un signal », souligne le magazine Filoteo. Les élèves sont invités à faire attention à celui qui est isolé, et plus largement à faire preuve de gentillesse et de compassion. Selon la directrice, l’initiative a bien pris, notamment parmi les élèves de CP.
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Les bancs de l’amitié existent depuis quelques années, et ont été « importés » en 2013 des États-Unis par un petit garçon de 7 ans, Christian Bucks. Alors qu’il s’apprêtait à déménager en Allemagne avec sa famille, il découvre dans la brochure de sa future école un banc de l’amitié. Un concept qu’il partage avec son école américaine, qui s’est étendu depuis dans de nombreux pays anglophones. En Irlande, une étude a même été réalisée par le centre de la santé mentale pour mesurer « l’efficacité » d’une telle initiative. Menée auprès de 117 enfants scolarisés dans trois écoles équipées d’un banc de l’amitié, elle révèle que 40% des enfants interrogés affirment utiliser le banc et 90% d’entre eux assurent qu’ils sont prêts à parler à un enfant assis dessus.