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Le bestiaire de la Bible : la colombe, bien plus qu’un symbole de paix

DARY DUCHA ŚWIĘTEGO
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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 01/04/19
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La colombe évoque immédiatement le sentiment d’innocence par la pureté de sa robe et son caractère paisible. Vénérée depuis la plus haute Antiquité, elle apparaît dans l’Ancien Testament avec l’Arche de Noé comme symbole de vie nouvelle et allégorie de la paix. Dans le Nouveau Testament, elle prendra encore bien d’autres significations, représentant le Saint-Esprit, le Christ ou encore l’Église.Le symbole de la paix retrouvée La colombe apparaît dans la Bible avec l’épisode de l’Arche de Noé. Dieu a décidé de condamner les hommes par un déluge pour leur mauvaise conduite. Seul Noé a trouvé grâce à ses yeux, et lui a enjoint de construire une arche pour y accueillir toutes les espèces d’animaux de la terre, mâle et femelle, ainsi que les membres de sa famille. Alors que les eaux recouvrent tout, Noé lâche un corbeau afin de voir si la terre est de nouveau à sec, sans succès. Puis, c’est une blanche colombe qu’il choisit mais qui revint également. Sept jours après, il renouvela l’expérience et la colombe rapporta un rameau d’olivier tout frais dans son bec, la terre était enfin débarrassée des eaux. Sept jours après encore, il libéra de nouveau la colombe qui cette fois ne revint pas, le Déluge était terminé, la paix était revenue sur terre. Cet épisode, touchant par sa grâce, est évocateur quant à sa symbolique, le noir corbeau n’est pas annonciateur d’espérance, c’est la pure blancheur de la colombe rapportant le premier signe de vie revenue sur terre qui a été choisie, un symbole qui aura une longue destinée et encore si présent dans les esprits aujourd’hui…



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© Domaine public
Noé et la colombe. Mosaïque du XIe siècle dans la basilique Saint Marc de Venise

La colombe, emblème du Christ

L’image de douceur et de fidélité héritée des temps anciens de la Bible et des cultes de l’Antiquité a fortement imprégné les premiers temps du christianisme. Très tôt, nous retrouvons en effet sur les parois des catacombes des représentations de colombes ornant les tombeaux des martyrs, sans oublier les objets liturgiques, les lampes… Messagère de paix, sa représentation avec dans son bec un rameau d’olivier va cependant progressivement se déplacer. Un glissement va en effet s’opérer avec le christianisme primitif, glissement par lequel le frêle et pur animal constituera l’emblème même du Christ, celui qui apporte la paix aux hommes de bonne volonté. Cette image sera très présente chez les premiers chrétiens par laquelle le Christ confère au défunt la paix glorieuse, elle-même symbolisée par le rameau d’olivier.


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La colombe de l’Esprit saint

Le baptême de Jésus marque l’autre épisode déterminant quant à la place essentielle de la colombe dans le bestiaire chrétien. Alors que Jean le Baptiste accomplit le geste de purification et que Jésus remonte à la surface du Jourdain, l’Évangile de Matthieu rapporte : « Et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui ». L’Esprit saint prendra dès lors invariablement la forme du blanc et ailé animal, une inspiration divine qui habitera chaque fidèle. Nul étonnement alors à ce que d’innombrables représentations montrent la colombe près d’un pape nouvellement élu tel saint Fabien ou de grands saints inspirés comme Grégoire le Grand ou Hilaire.

BAPTISM CHRIST

Domaine Public
Le baptême du Christ

La colombe chez les artistes

Un tel héritage ne pouvait laisser insensibles les artistes qui perpétueront cette image de la colombe synonyme de paix. Vient à l’esprit immédiatement la célèbre colombe de Picasso, même si cette icône sera amplement instrumentalisée par les communistes durant les années de Guerre froide. Et, si le poète Saint-John Perse estimait que “les oiseaux gardent parmi nous quelque chose du chant de la Création “, c’est bien l’image retenue par le peintre Marc Chagall qui s’impose avec la colombe de l’arche dont la blancheur purificatrice éclatante contraste avec le fond noir des éléments en voie de disparition. Plus classique, la vision du Bernin pour la basilique Saint-Pierre de Rome est celle d’une colombe irradiée de lumière, celle divine touchant par la grâce tous les fidèles qui tournent leur regard vers elle. Toutes ces œuvres soulignent la pureté et la légèreté de cet animal sensible et vertueux de haute valeur spirituelle.



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