Mars est le mois de saint Joseph. Il est des rares saints dont la fête mérite le titre de Solennité, soit l'équivalent d’un dimanche. Le 19 mars, nous fêtons la Solennité de saint Joseph, "époux de la bienheureuse Vierge Marie". Et quel époux ! Les mystères joyeux du Rosaire permettent d’apprécier son rôle indispensable auprès d’elle. Jugez plutôt.
Premier mystère joyeux : l’Annonciation à Joseph
L’Annonciation, c’est en premier lieu la visite de l’ange Gabriel à Marie pour lui annoncer qu’elle va concevoir le Fils de Dieu. Mais Joseph a eu droit lui aussi à une annonciation. En effet, l’ange Gabriel lui est apparu en songe et lui a dit : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit saint."
La réponse de Marie à l’annonce de l’ange, le fiat, est restée célèbre : "Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole." Joseph, lui, n’a pas donné de réponse connue. À la place, l’Évangile nous dit : "Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit." Le fiat de Joseph ressemble plus aux fiat de nos vies. Pas forcément un grand oui à notre vocation, mais un oui du quotidien impliquant de se lever le matin, de se retrousser les manches et de faire ce qui est attendu de nous.
Deuxième mystère joyeux : Joseph rend possible la Visitation
Être un époux à l’image de Joseph, c’est aimer sa femme comme le Christ aime l’Église. C’est être prêt à mourir pour elle. Joseph est le modèle de l’époux prêt à faire ce sacrifice ultime. Bien sûr, les moments où l’on est amené à sacrifier sa vie pour sa femme sont rares. Mais d’autres sortes de "morts" sont nécessaires, comme la servir, lui pardonner, ou la laisser être au service d’autres que soi.
Joseph fut un modèle pour chacune de ces "petites morts". Il s’occupa de la Vierge et lui offrit sa protection, plaçant les besoins de Marie avant les siens. Il accepta le célibat, permettant ainsi qu’elle soit la Bienheureuse toujours vierge. Il permit aussi que la Vierge suive sa propre mission, même si cela devait l’éloigner de lui pour un temps. À la Visitation, quand la Vierge partit voir sa cousine Élisabeth, c’est très probablement Joseph qui l’y emmena et la ramena trois mois plus tard.
Troisième mystère joyeux : Joseph à la naissance du Christ
Le fait que Joseph soit aux côtés de Marie dans la nuit de la Nativité lui confère un statut particulier. C’est ainsi la première personne à avoir adoré le Christ — et par la même occasion la première personne à avoir vécu une nuit d’adoration ! — et à avoir consacré sa vie au Christ dans le célibat, ce qui en fait un saint patron privilégié pour les religieux et les religieuses. C’est également un bon saint patron pour les parents, car il fut le premier père à placer le Christ au centre de sa famille et le premier époux à mettre le Christ au centre de son mariage.
Quatrième mystère joyeux : Joseph et la présentation de Jésus au Temple
L’ange Gabriel ne s’est pas contenté de dire à Joseph de prendre Marie comme épouse. Il lui donna aussi d’autres instructions : "Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés."
L’une des grandes tâches qui incombèrent à Joseph fut donc de donner son nom à Jésus — "Dieu sauve" — tout comme Zacharie eut à le faire pour Jean-Baptiste. Joseph endossa là un rôle majestueux. Car si le Christ est le Verbe incarné dit par le Père, Jésus est fils de David par Joseph, qui lui donne son nom. D’un côté, le Père présente le Christ au monde comme sacrifice de son amour. De l’autre, Joseph présente Jésus au Père dans le Temple, offrant son propre sacrifice : "Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes."
Cinquième mystère joyeux : Joseph trouve Jésus dans le Temple, et le ramène à la maison
On retrouve Joseph quand Jésus a 12 ans et que ses parents l’emmènent au Temple puis le perdent sur le chemin du retour, "pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins". Quand ils le retrouvent dans le Temple et lui demandent où il était, la réponse de Jésus a dû sembler bien provocante à Joseph : "Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?" Si cette phrase peut laisser entendre que Jésus ne traite pas Joseph comme son père, l’Évangile nous rassure en nous disant deux versets plus loin qu’"il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis". La mention suivante de Joseph dans les Évangiles a lieu quand la foule s’étonne des miracles de Jésus et l’appelle "le fils du charpentier".
Ces deux épisodes donnent une nouvelle dimension à la paternité de Joseph, ainsi qu’à la nôtre. Pour être un père comme Joseph, nous devons emmener nos enfants à la messe. Nous devons leur donner la liberté de découvrir leur propre identité, mais aussi exiger qu’ils nous obéissent. Et si nous sommes de bons pères, un jour, les noms de nos enfants seront associés aux nôtres.