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Ayons foi en l’Église

POPE ANGELUS
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Père François Potez - publié le 20/03/19
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Accepter les défaillances de l’Église, c’est aussi un chemin de foi. L’Église est un mystère confié à des pécheurs. Dans l’épreuve commune, tous les baptisés sont appelés à porter, chacun, leur petit morceau de croix pour soulager l’ensemble.« Ne jugez pas étrange l’incendie qui sévit au milieu de vous pour vous mettre à l’épreuve », prévenait saint Pierre, le premier Pape. Il faut reconnaître que l’incendie est cette fois comme une véritable fournaise. On a l’impression que tout s’enflamme et que l’air devient irrespirable. Pas une semaine sans une nouvelle révélation, un nouveau scoop, un nouveau reportage… Est-ce que tout va donc partir en cendres ?

Des hommes pécheurs

Nous croyons en l’Église. L’Église est un mystère de foi. Elle est le Corps du Christ, fondée par Jésus sur la foi de Pierre. Jésus a prié pour lui, pour que sa foi ne défaille pas, et l’a ainsi rendu inébranlable par la puissance de son Esprit. L’Église est le Visage du Christ pour le monde, et nous sommes tous responsables de ce visage.


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Parce que nous sommes tous pécheurs, et parce que l’Église est composée d’hommes pécheurs en cours de sanctification, ce visage est toujours plus ou moins défiguré. Le péché est toujours terrible puisque le Christ en est mort. Lui, l’Innocent parfait. Mais, objectivement, le péché est plus ou moins grave : abuser d’un enfant ou d’une personne fragile, détourner à son profit un pouvoir de sanctification ou de gouvernement, falsifier l’amour dans une recherche de jouissance dégradante et indigne de la personne humaine, tout cela est évidemment plus grave, objectivement, que la « simple » gourmandise ou le coup de colère « ordinaire ». Il y aussi les fautes de gouvernement, qui peuvent devenir graves, ou très graves, selon les circonstances. La sainte Église est conduite par des hommes qui ne sont pas infaillibles dans leur gouvernement. Dans les « affaires » qui font la une de ces temps-ci, on est évidement dans le domaine des choses graves, et très graves.

Le bien ne fait pas de bruit

Quel chemin pour les responsables ? D’abord, ne pas camoufler. Ne pas jouer les hypocrites. Tout cela existe, et il serait malsain, voire gravement coupable, de se voiler la face. Parce que les souffrances sont terribles, les dégâts immenses, il faut se donner les moyens de les entendre, et permettre à la justice de s’exercer. En se rappelant que la justice de Dieu, infiniment miséricordieuse, est aussi la seule qui soit absolument juste. Terriblement juste. Un jour, tout sera dévoilé et personne ne pourra se soustraire au Jugement. Mais tout cela doit se faire dans une saine discrétion. Non pas par amour du secret ou pour protéger l’institution, mais pour protéger les victimes elles-mêmes : elles ont droit à une certaine pudeur. Par respect aussi de la présomption d’innocence, si souvent et si facilement bafouée aujourd’hui. Car enfin, pourquoi ce vacarme médiatique ? Le bruit, la confusion, le trouble : le démon adore ça et il excelle dans le rôle du chef d’orchestre. Il s’agit, par tous les moyens, de jeter le discrédit sur l’Église tout entière. À partir de quelques cas — dramatiques, abominables, inqualifiables, c’est vrai —, on veut tout démolir et on risque bien de jeter le bébé avec l’eau du bain. « Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit », dit saint François de Sales.


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Faire confiance et rendre grâce

Et nous ? Une réaction ? Un chemin de Carême ? Il nous faut d’abord affermir notre foi en l’Église du Christ, conduite par l’Esprit Saint, mystère de foi. « Je crois en l’Église. » Oui ? Vraiment ? C’est une grâce à demander. Se rappeler ensuite cet enseignement fondamental : si on dit faussement contre vous toutes sortes de choses à cause de Jésus, c’est une béatitude. C’est le chemin de la Croix. Chemin de vie. Mais si ces choses sont vraies, alors ce sera pour vous une occasion de vous amender et de faire pénitence. Ne pas rougir de l’Église : elle est ma mère. Humiliée, meurtrie, elle porte le poids du péché de ses enfants. « Par ses blessures, nous sommes guéris » (1 P 2, 24).

C’est étonnant d’ailleurs de voir comme les catéchumènes font confiance à l’Église. L’autre jour, à la cathédrale Notre-Dame de Paris, ils étaient près de 400 adultes. Je les regardais : ils font confiance à l’Église, à leur évêque, à leur paroisse ! Il faut rendre grâce pour l’Église. Pour ce qu’elle est pour nous. Se rappeler ce que nous y avons reçu de bon, de décisif. Par des prêtres que nous avons aimés, des personnes consacrées, des paroisses. Tant de saintes personnes qui nous ont édifiés d’une manière ou d’une autre. Se convertir enfin, et prier ! Il s’agit — et c’est urgent ! — de renforcer la communion. De porter, nous aussi, notre petit morceau de croix pour soulager l’ensemble. Porter pour ceux qui n’ont plus la force. Et même pour ceux qui ne veulent pas le faire… Jésus, épuisé et déchiré, cherche des Simon de Cyrène !

Te laisseras-tu déranger ? L’accepteras-tu ? Devenir artisans de paix. Quel programme !



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