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« Trouver mieux ailleurs », la grande illusion des millenials

GIRL SMILING WITH BOYFRIEND
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Mathilde de Robien - publié le 08/03/19
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"Il y a toujours possibilité de trouver mieux ailleurs". C’est le leitmotiv qui semble guider (ou perdre ?) les millenials, la génération hyperconnectée née dans les années 1980 et 1990. Valable aussi bien pour une soirée, un emploi ou un amoureux, cet adage les engage… à ne pas s’engager ! Décryptage d’un phénomène, qui, sous couvert de papillonnage ou de perfectionnisme, paralyse en réalité toute une génération.

“Il y a toujours possibilité de trouver mieux ailleurs”. C’est le leitmotiv qui semble guider (ou perdre ?) les millenials, la génération hyperconnectée née dans les années 1980 et 1990. Valable aussi bien pour une soirée, un emploi ou un amoureux, cet adage les engage… à ne pas s’engager ! Décryptage d’un phénomène, qui, sous couvert de papillonnage ou de perfectionnisme, paralyse en réalité toute une génération.

Avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, c’est tout un monde qui est à portée de main. Et ce n’est pas seulement le débit qui est illimité, mais l’offre. Habitués à engranger de l’information, à embrasser multiples propositions, les millenials ont accès à des milliards de données, et à des milliards d’amis. Résultat : il y a trop de choix ! Sophie est invitée à dix « évènements » Facebook le même soir, Hadrien décline depuis des mois diverses offres d’emploi en pensant trouver mieux, et Sarah enchaîne les rendez-vous Tinder sans jamais trouver chaussure à son pied. Le point commun : l’offre, démultipliée, les paralyse, et gèle tout processus de décision. Lorsque l’on a conscience que l’offre est illimitée, pourquoi s’engager si on peut avoir mieux ailleurs ou plus tard ? Si cette attitude peut paraître louable à certains égards — recherche du bien, exigence, désir d’absolu —, elle n’en demeure pas moins vouée à l’échec : la perfection n’existe pas et l’homme est par nature un être limité.

La crainte de rater quelque chose

C’est une des attitudes qui caractérise le millenial par excellence. Sa quête insatiable de perfection présuppose une chose : être constamment connecté, au courant, sur le qui-vive, pour ne pas rater une occasion meilleure que sa situation actuelle. C’est ce que les sociologues anglo-saxons ont baptisé FOMO (fear of missing out = la peur de rater quelque chose), et qui explique en partie l’addiction aux écrans.


MATKA UZALEŻNIONA OD TELEFONU
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Ce besoin de tout savoir avant tout le monde, ou au pire, en même temps, n’est pas totalement nouveau. Molière, déjà, faisait dire à l’une de ses précieuses ridicules : « Je trouve que c’est renchérir sur le ridicule, qu’une personne se pique d’esprit, et ne sache pas jusqu’au moindre petit quatrain qui se fait chaque jour ; et pour moi j’aurais toutes les hontes du monde, s’il fallait qu’on vînt à me demander, si j’aurais vu quelque chose de nouveau, que je n’aurais pas vu. » (Cathos, acte I, scène 9). Le summum du ridicule est d’avoir loupé une info. Et cette injonction est encore plus prégnante aujourd’hui : ce n’est plus seulement ridicule mais quasiment vital si l’on veut rester un tant soit peu “populaire”.

Être toujours en quête de mieux, c’est avouer son insatisfaction présente. Un millenial ne vit pas dans le présent, mais se projette sans cesse dans l’avenir. Il ne profite pas pleinement d’une soirée entre amis, parce qu’il est attendu ailleurs. Il démissionne au premier obstacle. Il se sépare dès la première désillusion. À force de chercher mieux pour le futur, rien n’est satisfaisant dans le présent.

Une prise de décision repoussée au maximum

L’idée, et la capacité, de pouvoir toujours trouver mieux est contraire à toute notion d’engagement. On se laisse toutes les portes ouvertes, tous les choix sont possibles jusqu’au dernier moment. C’est pourquoi le millenial annule ses rendez-vous à la dernière minute ou abandonne son poste du jour au lendemain — une pratique appelée « ghosting » en référence aux employés fantômes, qui se banalise aux États-Unis. Aurore Malet-Karas, docteur en neurosciences et sexologue, constate : « On ne s’engage pas complètement, même en couple, car il y a toujours une possibilité de trouver mieux ». Ce que semble confirmer les dernières statistiques de l’Insee sur le mariage. L’union libre ou le célibat durent de plus en plus longtemps : on se marie aujourd’hui presque six ans plus tard qu’il y a seulement vingt ans.


WEDDING HAND
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Peut-être est-ce le moment de réaliser que l’homme est imparfait, fini, limité, et que donc toutes ses réalisations — qu’elles soient mondaines, professionnelles ou amoureuses — seront nécessairement imparfaites, finies, et limitées. « L’acceptation de notre finitude est la condition pour que toute relation durable, en particulier le mariage, puisse s’ancrer dans un voyage au long cours », souligne le père Pierre-Marie Castaignos.

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