Notre culture et notre langue française sont fortement influencées par nos racines chrétiennes. Découvrez ces expressions que nous utilisons souvent sans soupçonner qu’elles puisent leur origine dans la tradition religieuse. Aujourd’hui : « avoir voix au chapitre ».Savez-vous ce qu’est un mot polysémique ? Vous en utilisez certainement, peut-être sans le savoir, car la langue française en possède un nombre important. Il s’agit d’un mot qui peut avoir plusieurs sens, comme par exemple “racine” (végétale ou mathématique), “tronc” (d’arbre ou du corps humain), “souris” (rongeur, morceau de viande, périphérique d’ordinateur …) ou encore “chapitre”. Si le mot “chapitre” est bien connu dans le sens “division d’un livre en différentes parties”, il possède une autre signification bien différente qui trouve son origine au Moyen Âge, dans la vie monastique.
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À l’époque, les membres des communautés monastiques ont pour habitude de se réunir régulièrement dans une grande salle pour discuter de l’organisation de la vie quotidienne, traiter les affaires courantes, régler les éventuels problèmes de discipline. C’est cette assemblée tenue par les religieux ou les religieuses qui constitue le “chapitre”. Par extension, le mot désigne également l’ensemble des membres participant à l’assemblée et le lieu où elle se tient, aussi appelé “salle capitulaire”. Chaque assemblée débute par la lecture d’un passage des Écritures ou de la règle de l‘ordre, le capitulum (petite tête), nom latin à l’origine du mot “chapitre”.
Cependant, si toute la communauté peut assister au chapitre, tous les membres ne sont pas autorisés à intervenir. Aux côtés des « vrais » moines ayant prononcé tous leurs vœux, vivent en effet les frères convers ou frères lais (“lai” signifie “commun, du peuple”). C’est à ces religieux, soumis à l’obéissance monastique, mais considérés comme laïcs par le droit canon, que sont attribués tous les travaux domestiques, agricoles et manuels, tandis que les autres moines se consacrent à l’étude et à tout ce qui touche au domaine spirituel. Seuls ces derniers peuvent s’exprimer lors des réunions et “apporter leur voix au chapitre”.
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On rencontre aujourd’hui de plus en plus fréquemment l’expression “avoir droit au chapitre” qui est en fait une déformation “d’avoir voix au chapitre”. Mais toutes les deux ont gardé le sens de pouvoir donner son opinion et, par extension, avoir de l’influence et de l’autorité sur la décision à prendre.