Les familles des moines de Tibhirine, assassinés en Algérie en 1996, ont rencontré hier des juges d’instruction parisiens dans l’espoir de faire avancer l’enquête, après de nouvelles expertises mettant en doute la thèse officielle sur leur mort. Elles considèrent que les nouveaux éléments pour la recherche judiciaire permettront d’éclaircir toutes les circonstances de la mort des sept martyrs.
Une quarantaine de proches des moines de Tibhirine, béatifiés le 8 décembre au sanctuaire Notre-Dame de Santa Cruz d’Oran, en Algérie, se sont rendus le 14 février au tribunal de grande instance de Paris pour cette réunion, la troisième organisée par les magistrats depuis le début des investigations. Au cours de cette rencontre, les juges ont fait part notamment de “données météorologiques complémentaires” sur la période de mars à mai 1996 dans la région où les moines ont été tués. Elles pourraient conforter encore davantage l’avis des experts sur le fait que l’assassinat serait bien antérieur à la date officielle du 21 mai 1996.
Les sept moines de l’ordre cistercien avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, sur les hauteurs de Médéa, en Algérie. La première revendication de leur enlèvement, signée du chef du GIA Djamel Zitouni, n’avait été communiquée que le 26 avril. Un communiqué un mois après, le 23 mai, affirmait qu’ils avaient été exécutés deux jours plus tôt.
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Seules les têtes avaient été retrouvées sur une route, le 30 mai. Dans le rapport de février 2018, les experts avaient aussi souligné que des traces d’égorgement n’apparaissaient que pour deux des moines et que tous présentent les signes d’une “décapitation post-mortem”, de quoi alimenter les soupçons d’une possible mise en scène.