Sa création avait été annoncée en novembre dernier lors de l’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes. Trois mois après, la commission indépendante d’enquête sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), qui tient sa première réunion ce vendredi 8 février, est désormais au complet. Vice-président honoraire du Conseil d’État et président des Apprentis d’Auteuil, Jean-Marc Sauvé a été chargé de la présider et d’en désigner les 21 autres membres. "J’ai composé cette commission sans aucune interférence, aucune directive ni aucun conseil des responsables de l’Église", confie-t-il à la Croix. "Dès le mois de novembre, j’avais annoncé mon souhait d’une commission pluridisciplinaire et elle l’est".
Les personnes qui en font partie ont acquis une réelle légitimité dans leur domaine respectif de compétences. Elle est ainsi composée de professionnels du droit comme Antoine Garapon, magistrat et secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice, le magistrat Didier Guerin, Astrid Kaptijn, professeure de droit canonique et vice-rectrice sortante de l’Université de Fribourg (Suisse), Anne Devreese, directrice générale de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse, Stéphane de Navacelle, avocat aux Barreaux de New-York et de Paris, Jean-Marie Burguburu, avocat au Barreau de Paris et ancien Bâtonnier de l’Ordre et Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat honoraire et membre du bureau du Conseil national de la protection de l'enfance.
La commission compte également des professionnels de la santé tels que Thierry Baubet, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université Paris 13 et à l’Inserm et chef de service à l’Hôpital Avicenne, Sadek Beloucif, professeur des Universités-praticien hospitalier, chef de service d’anesthésie-réanimation, Carole Damiani, docteure en psychologie, directrice de l’association Paris Aide aux victimes, Florence Thibaut, professeure de psychiatrie et d'addictologie à la Faculté de médecine Paris Descartes et Jean-Pierre Winter, psychanalyste.
Enfin elle compte des théologiens, sociologues, universitaires et professionnels du secteur social et de l’éducation comme Laetitia Atlani-Duault, anthropologue et ses recherches portent sur l’anthropologie des institutions et la fabrique de l’aide humanitaire, Nathalie Bajos, sociologue-démographe et directrice de recherche à l’Inserm, Alice Casagrande, directrice de la formation, de l’innovation et de la vie associative à la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs, vice-présidente de la Commission de lutte contre la maltraitance du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l'âge et du Comité national Consultatif des Personnes Handicapées, Alain Cordier, inspecteur général des finances et ancien directeur de l’Assistante Publique-Hôpitaux de Paris, Christine Lazerges, professeure émérite de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ancienne présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, Laurence Marion, haut fonctionnaire, Joël Molinario,théologien, professeur à l’Institut catholique de Paris et directeur de l’Institut supérieur de pastorale catéchétique, Marion Muller-Colard, théologienne, docteur de la Faculté protestante de l’Université de Strasbourg et membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, Philippe Portier, historien et sociologue.
La Commission dispose d’un mandat très large à la fois géographique (tout le territoire français, de métropole et d’outre-mer), temporel (70 ans) et personnel, qu’il s’agisse des auteurs des faits (clercs et religieux) et des victimes (mineurs et personnes vulnérables). Son champ de réflexion et ses investigations ne sont pas restreints. Enfin, les méthodes de travail de la commission seront déterminées par elle seule.