Hérodiade et sa fille Salomé sont devenues tristement célèbres pour être associées au martyr de Jean le Baptiste. Figures de vie dissolue, ces femmes bibliques révèlent par contraste toute la lumière du message de Jean-Baptiste annonçant la venue du Messie.
L’ambition d’Hériodade
Hérodiade est la petite-fille d’Hérode le Grand, monarque de Judée sanguinaire et cruel à la solde des Romains qui n’hésita pas à faire assassiner son épouse et certains de ses enfants. Ambitieuse et femme de caractère, elle épousera deux de ses oncles, Hérode Philippe dont elle aura une fille, Salomé, puis en raison du manque d’ambition de ce dernier, elle lui préfèrera son demi-frère Hérode Antipas. Leur union est contraire aux lois juives, mais les deux époux n’en ont cure, pourtant…
Des mœurs dénoncées
Cette union fait scandale et est vivement dénoncée par Jean le Baptiste. Celui-ci est connu pour son tempérament extrême, vivant frugalement de sauterelles et de miel dans le désert, vêtu d’une peau de bête et prêchant avec passion. Parent de Jésus, et préparant la venue du Messie, il n’a de cesse d’exhorter les Juifs à mener une vie vertueuse et à pratiquer la justice. Pour ritualiser cette vie morale, Jean-Baptiste pratiqua très tôt, sur les rives du Jourdain, le baptême par immersion, une purification du corps appelée à un grand avenir. Face à ce message exigeant, les mœurs dissolues de la cour d’Hérode offrent un contraste saisissant et Jean le Baptiste critiquera publiquement cette union illégitime d’Hérode avec la femme de son frère. Cependant, le monarque, touché par la parole du Baptiste, ne s’en offusque pas pour autant.
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La vengeance d’Hérodiade
En revanche, Hérodiade est furieuse et ne peut souffrir cette critique ouverte. Elle demande à son époux d’éliminer ce prédicateur gênant, ce qu’Hérode élude aimant à entendre Jean le Baptiste. L’intrigante entreprend alors un stratagème redoutable, usant de la grande beauté de sa fille Salomé pour obtenir ce qu’elle veut de son faible mari. Ce qu’Hérodiade n’a pu obtenir par les mots, elle entreprend de le réaliser par sa fille dont les charmes ne sont pas passés inaperçus aux yeux d’Hérode Antipas. C’est ainsi, sans morale ni remord, que la reine pousse son mari à faire emprisonner Jean le Baptiste, mais cela ne lui suffit pas. Lors d’un banquet, elle convient d’un plan diabolique avec sa fille : Salomé dansera devant Hérode à la condition que ce dernier exauce son vœu, un vœu non dévoilé mais auquel le roi passionné consent aveuglément. La danse lascive de la belle Salomé achève de séduire le monarque qui accède à son souhait alors révélé : qu’on lui apporte la tête de Jean le Baptiste sur un plateau. Hérode est attristé, mais ne peut se dédire de sa promesse face à la cour réunie, il ordonne la décollation de Jean le Baptiste.
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La légende de Salomé
La victoire d’Hérodiade sera de courte durée, son mari déchu de ses fonctions par Caligula est condamné à l’exil en Gaule. Une légende rapporte que la cruelle femme, devenue reine des sorcières, errerait depuis dans les bois de minuit au chant du coq… Quant à Salomé, elle épousera son oncle Hérode Philippe, puis Aristobule III, également petit-fils d’Hérode le Grand, un cercle familial décidément bien restreint ! Un texte apocryphe, la Lettre d’Hérode à Pilate, rapporte la fin étrange de Salomé qui aurait souhaité danser sur un lac gelé dont la surface aurait cédé sous ses pas. La glace se serait alors reformée autour de son cou, laissant seule la tête de la jeune femme apparaître comme sur un plateau d’argent… Curieusement, celle nommée par les Évangiles « la fille d’Hérodiade » va prendre une importance telle que sa légende dépassera le personnage historique. C’est dans les arts que la notoriété de Salomé étonne et surprend. Paradoxalement, en effet, cette figure discrète des Évangiles va devenir la muse des plus grands peintres dès le XVe siècle avec van der Weyden, Memling, Cranach, puis Botticelli, Titien, Le Caravage et bien d’autres encore jusqu’aux fameuses évocations orientalisantes du peintre Gustave Moreau. L’écrivain anglais Oscar Wilde rédigera sa fameuse pièce Salomé, Heine, Flaubert, Huysmans, Mallarmé, Apollinaire s’en empareront également.
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