Wabi-sabi. Vous avez certainement aperçu ça et là ces deux mots, sans savoir encore ce qu’ils signifient. Derrière ces deux mots exotiques, se cache la tendance déco la plus populaire de 2018. Celle qui, selon les experts, va envahir notre style de vie dans tous les domaines dans les années qui viennent. Car il ne s’agit pas d’un simple effet de mode mais d’un art de vivre ou plutôt d’un état d’esprit qui prône le retour à l’essentiel, l’art de retrouver le beau dans l’imperfection, l’éloge de la simplicité et… de l’humilité. Un mode de vie dont les contours esquissent une certaine idée de l’amour de la vie et de ses imperfections.Mélange de deux mots japonais, le wabi-sabi n’est autre que l’alliance de deux concepts complémentaires. Le wabi d’abord, une forme de simplicité empreinte d’humilité en harmonie avec la nature, et le sabi, se référant à l’usure du temps qui passe, à la beauté des choses vieillissantes et imparfaites. Le tout prônant la simplicité et le recours aux matériaux nobles et humbles. C’est un art de vivre apparu au XIIème siècle lorsque des moines japonais, en réaction aux cérémonies du thé luxueuses en vogue à l’époque, ont commencé à utiliser des accessoires rustiques locaux ou délaissés, mettant ainsi la simplicité au cœur de la cérémonie du thé. Aujourd’hui, wabi-sabi signifie vivre simplement, en appréciant les petites choses du quotidien dont on accepte les imperfections. On repart ainsi à la découverte de la beauté des choses imparfaites, humbles et modestes. En somme, un retour à l’essentiel et à l’authentique.
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Pour Agnieszka Jacobson-Cielecka, directrice artistique de la School of Forms, une prestigieuse école de design, “cette recherche de l’essentiel et d’une sobriété paisible est la conséquence de la course folle à la consommation et d’un certain piège de la perfection”, confie-t-elle à Aleteia. Nous sommes tous en train de prendre conscience qu’il faut freiner et prendre du recul. Il s’agit d’avoir une relation plus sage et plus profonde avec soi même, les objets qui nous entourent, mais aussi avec notre façon de voyager ou encore de cuisiner… Il y a un besoin de se recentrer sur la beauté qui se cache dans l’inhabituel, dans l’authentique, dans ce qui dure. Nous sommes saturés d’images de perfection”.
Rechercher la beauté dans la simplicité et l’imperfection
Quand on l’applique au domaine de la décoration intérieure, ce retour à l’essentiel implique d’opter pour des objets à la fois utiles, pratiques et simplement beaux, sans ornements superflus. On préfère alors les matières nobles et naturelles : le bois, la pierre, les fibres tressées. On découvre la perfection de l’imparfait : les rayures, bosses et éraflures ne sont plus des défauts mais des marques du temps. “Ces imperfections constituent notre histoire personnelle”, souligne Agnieszka Jacobson-Cielecka. “Paradoxalement à l’ère où on peut personnaliser chaque objet qu’on veut acheter, le wabi-sabi, nous inspire de garder la tasse cassée parce que c’était la tasse préférée de notre grand mère. Ce qui compte c’est notre histoire personnelle, notre relation émotionnelle à l’objet et son caractère unique”.
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Influencés par ce mode de vie, certains artistes japonais peignent même ces marques de cassure de bols ou de tasses avec de la peinture dorée pour souligner la beauté de l’imperfection et la noblesse du temps qui passe (l’art de kintsugi). Ils célèbrent les bois usés, les miroirs piqués, les patines de bon aloi. Ils mettent en valeur des pièces de l’artisanat dont les irrégularités révèlent la beauté authentique, les transformant en objets uniques. On pourrait ainsi résumer le wabi-sabi à ce principe simple et directeur : “Les choses sont belles juste comme elles sont”.
Laisser vieillir les objets
Le wabi-sabi vise à privilégier la qualité et la durabilité. Même si la qualité implique souvent un prix élevé, on préfère posséder moins mais mieux. “Posséder moins, mais de façon plus responsable et plus honnête”, poursuit Agnieszka Jacobson-Cielecka. “Cela ne veut pas forcément dire s’offrir un meuble de créateur mais détenir un objet qui vieillira et s’embellira avec le temps. Ce qui est important est d’apprendre à apprécier les objets qu’on a sans ressentir le besoin d’en acheter d’autres”.
Côté couleur, on mise sur les teintes neutres et claires en s’inspirant de la nature. C’est en observant la nature que l’être humain peut retrouver l’harmonie. Fidèle à l’art wabi-sabi, une décoratrice propose même de coordonner la couleur des fenêtres, non pas au style de l’intérieur mais avec le paysage. On retrouve bien ici l’idée principale d’une déco wabi-sabi : la nature est une source d’émerveillement. Le végétal est incontournable : des bouquets de fleurs simples et naturels avec ce qu’on trouve dans la nature.
Faire de sa maison, un lieu pour l’âme
Dans son livre de référence, Spiritual House – Home & Lifestyle 2019, Lidewij Edelkoort, souligne que la maison devient pour nous un véritable lieu de ressourcement spirituel et un lieu — loin du stress et du chaos extérieur — où la joie de vivre avec ses amis et sa famille est célébrée. En toute simplicité, en retournant à l’essentiel. Sans chercher forcément le wabi-sabi venu du Japon, le mode de vie plus contemplatif, plus simple, plus poétique est une bonne piste pour vivre de façon plus sereine et plus authentique. Pourquoi pas une des bonnes résolutions pour 2019 ?
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