Au terme d’un voyage en Irak, du 24 au 28 décembre, placé sous les signes de la réconciliation, du pardon, de la reconstruction et de la confiance, le cardinal Parolin, numéro deux du Vatican, s’est dit ému d’apprendre que beaucoup de chrétiens sont parvenus à pardonner “ceux qui les ont blessés”.Pour le cardinal Parolin, il n’est pas seulement question en Irak de la reconstruction des édifices ravagés, mais surtout de reconstruction de la confiance, dans une terre martyrisée qui a vu l’invasion de Daesh en 2014 et toute une cascade de violence jusqu’à la libération en 2016. C’est ce qu’a appelé de ses vœux le secrétaire d’Etat du Saint-Siège durant sa visite en Irak pour la fête de la Nativité. Le numéro deux du Vatican a ainsi célébré une messe dans la nuit de Noël à Bagdad dans la cathédrale de Saint Joseph et dans la cathédrale syro-catholique dédiée à Notre-Dame-de-l’Intercession, qui en 2010 avait été touchée par un attentat qui causa la mort de 60 personnes.
Le haut prélat a ensuite célébré une messe le jour de Noël dans la cathédrale latine de Bagdad avant de se rendre à Erbil où en 2014, s’étaient réfugiés des milliers de chrétiens venus des quatre coins de la plaine de Ninive. Le haut prélat a enfin présidé une messe dans la cathédrale syro-catholique de Qaraqosh, qui avait été dévastée par l’Etat islamique.
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Parallèlement, le secrétaire d’Etat du Vatican a notamment rencontré le Premier ministre irakien, Adil Abdul Mahdi, et le président Barhim Salih. Ce dernier, chrétien, avait rendu visite au pape François le 24 novembre dernier. Barhim Salih en a profité pour réitérer son invitation au pape de venir visiter l’ancienne ville d’Ur, d’où Abraham est parti à la recherche de la Terre promise. Lors de ces entrevues, les discussions ont toutes porté sur la contribution que les chrétiens peuvent apporter à la reconstruction de l’Irak.
Que ce soit dans son message de Noël adressé au Premier ministre, comme dans ses homélies, le cardinal Parolin a systématiquement souligné la nécessité pour les chrétiens et les musulmans de collaborer pour la reconstruction de la société. Il les a appelés à “éclairer les ténèbres de la peur et du non-sens, de l’irresponsabilité et de la haine avec des paroles et des actes de lumière, jetant à la fois des semences de paix, de vérité et de justice, de liberté et d’amour”.
La paix passe par la capacité de vouloir le véritable bien des autres
Lors de la messe dans la cathédrale chaldéenne Saint-Joseph de Bagdad, la veille de Noël, le secrétaire d’État du Vatican a rappelé que la paix “ne peut être réalisée avec des armes et une victoire militaire”, mais seulement avec “la capacité de vouloir le véritable bien des autres, en dépassant ce que le pape François appelle la culture du déchet et de l’indifférence”. Le jour de Noël, le cardinal Parolin a cette fois demandé aux chrétiens “d’offrir généreusement leur contribution au pays“, en continuant d’incarner le Christ au Moyen-Orient. Leur présence est plus que jamais nécessaire selon lui dans la mesure où plus d’un million de chrétiens ont quitté l’Irak. À Erbil, et particulièrement dans le district d’Ankawa, les habitants ont accueilli “de nombreuses personnes qui ont fui leur foyer”, s’est-il félicité s’opposant ainsi à la “haine et de l’intolérance“ par “la solidarité et la proximité“. Le temps du retour est maintenant venu, a déclaré le secrétaire d’Etat du Vatican, et c’est de “la responsabilité de tous de l’encourager, en assurant les conditions propices à une vie normale et paisible”.
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Depuis Qaraqosh, le cardinal Parolin a abordé le problème le plus épineux : celui du pardon. La reconstruction matérielle doit en effet s’accompagner d’une reconstruction plus difficile encore : celle de la confiance. Un appel d’autant plus fort que beaucoup de chrétiens ont été trahis, par des voisins, parfois même très proches. Le cardinal a donc souligné la nécessité de recomposer “le tissu social déchiré par les trahisons, le ressentiment et la haine”. Ce qui se fait tout particulièrement grâce au pardon. “À travers le pardon, nous surmontons le mal avec le bien et nous transformons la haine en amour”.
Un point de départ
La visite du secrétaire d’Etat du Vatican représente un point de départ dans le processus de renaissance d’une société en conflit. Et déjà on en observe les résultats : au cours du séjour du cardinal, le gouvernement de Bagdad a voté une loi qui introduit les vacances de Noël dans le calendrier civil, ce qui n’est jamais arrivé en Irak où les chrétiens représentent une minorité. La loi est actuellement examinée par le Parlement. La reconstruction du pays passe également par ces gestes sans lesquels le retour tant attendu des chrétiens, pourtant présents depuis des siècles, ne se fera pas.
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