La société résume bien souvent la sexualité à une performance physique et individuelle dissociée de tout sentiment amoureux et de tout engagement dans la durée. Une récente étude révèle pourtant que l’insatisfaction sexuelle est en réalité intimement liée à une insatisfaction dans sa vie sentimentale.
Une étude portant sur la vie sexuelle des Européennes, réalisée par l’Ifop et publiée le 21 décembre dernier, révèle que les Françaises sont les moins épanouies dans leur vie sexuelle et affective. Ayant sondé 6.000 femmes résidant dans six pays européens (Espagne, Italie, France, Allemagne, Pays-Bas, et Royaume-Uni), l’étude révèle ainsi qu’une Française sur trois (31%) est insatisfaite de sa vie sexuelle.
Les autres conclusions de l’étude démontrent que visiblement ce n’est ni le nombre “d’expériences” ni la fréquence des relations sexuelles qui font le bonheur. Jugez-plutôt. Les Françaises, en plus de se déclarer insatisfaites, sont aussi celles qui assurent avoir connu le plus de partenaires sexuels au cours de leur vie (la bagatelle de huit, contre 5,8 pour les Italiennes et 6,4 pour les Espagnoles) et connaître une vie sexuelle intense puisque 10% d’entre elles s’unissent plus de trois fois par semaine, contre 5% au Royaume-Uni ou 4% en Allemagne. Alors d’où vient ce taux d’insatisfaction ?
Un mal-être dans la vie sentimentale
La réponse réside dans le mal-être de leur vie affective, plus que sexuelle. En effet, 28% des Françaises interrogées se disent mécontentes de leur vie sentimentale, soit quasiment deux fois plus qu’en Allemagne ou en Hollande (16%). A la question “êtes-vous satisfaite de votre vie sentimentale actuelle ?”, quand plus de la moitié des hollandaises répondent par l’affirmative, elles sont à peine 39% en France à répondre la même chose.
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Selon François Kraus, directeur de l’expertise “Genre, sexualités et santé sexuelle” à l’Ifop, “ce taux élevé d’insatisfaction observé dans l’hexagone tient sans doute à certaines pesanteurs culturelles – notamment l’injonction à la performance sexuelle qui amène à réaliser des pratiques qui ne sont pas forcément les plus épanouissantes – mais aussi à leurs spécificités qui ne créent pas les conditions favorables à cet épanouissement”. Parmi elles, précise-t-il, “on peut citer entre autres, une forte consommation d’antidépresseurs, un taux de chômage élevé, une plus grande difficulté à concilier vie professionnelle et familiale (liée à une plus grande présence sur le marché du travail) ou une situation maritale moins stable au regard des taux de mariage, de vie en couple et de cohabitation sous le même toit plus faibles que dans les autres pays”.
“Le désir de fidélité demeure”
La stabilité du couple garante du bonheur conjugal et de la satisfaction sexuelle ? C’est ce que semble conclure l’expert. C’est aussi ce à quoi engage l’Église, dans la mesure où elle définit l’acte sexuel comme un acte chargé de sens, qui s’inscrit dans un projet de vie plutôt que comme un acte isolé. “Parce qu’elle touche au plus intime, la sexualité engage”, peut-on lire dans le guide de référence promulgué par l’Enseignement catholique.
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“La libéralisation des mœurs a conduit à ne plus toujours articuler ces deux réalités (ndlr : sexualité et engagement). Si des formes d’engagement de couple peuvent se vivre hors du mariage institué, la relation sexuelle peut aussi être vécue comme une expérience qui n’engage plus. Dans un rapport au temps qui peut privilégier l’instant, les sincérités successives et fugaces, des actes peuvent être posés sans s’inscrire dans la durée. Ainsi les rapports sexuels peuvent se vivre isolément, sans être articulés à un projet de vie qui a du sens. Pourtant le désir de fidélité demeure même si elle paraît difficilement accessible”.