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La joie de Dieu, ami des hommes

JESUS CHRIST TEACHING IN THE TEMPLE
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Henri Hude - publié le 24/12/18
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À Noël, Dieu se fait homme parce qu’Il est ami de l’homme. Dans l’incarnation, naît la joie de l’homme qui se réjouit de cette amitié, mais aussi la joie du Dieu "humaniste" qui se réjouit de l’excellence de l’homme.

À Noël, Dieu se fait homme parce qu’Il est ami de l’homme. Dans l’incarnation, naît la joie de l’homme qui se réjouit de cette amitié, mais aussi la joie du Dieu “humaniste” qui se réjouit de l’excellence de l’homme.

Nous sommes tellement accoutumés à entendre dire que Dieu s’est fait homme, que nous ne réalisons plus la portée immense de ce fait surnaturel. Et pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? Pour diviniser l’homme. C’est ce que répètent à l’envie les Pères de l’Église. Comment peut-on appeler cela, sinon de l’humanisme, et d’abord de la part de Dieu ? Si Dieu est humaniste, pourquoi serait-il interdit à l’homme de l’être aussi, en accord avec lui ?

Dieu est humaniste

On ne peut forcer les mots humains à ne dire qu’une seule chose quand ils peuvent en suggérer plusieurs. C’est le cas du terme “humanisme”. Il y a des humanismes athées. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. De bonne foi, que Dieu se fasse homme et pour toujours (car il ne se désincarnera jamais), cela ne montre-t-il pas à l’évidence que Dieu est humaniste, c’est-à-dire non seulement Créateur mais philanthrope, ami de l’homme, comme disent les pères de l’Église. C’est au moins aussi important que les opinions antireligieuses de certains courants humanistes.



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De plus, “où est l’Esprit” du Christ, de l’Homme Dieu, “là est la liberté”. Il n’est donc pas raisonnable de laisser aux athées, ou aux agnostiques, le terme d’”humanisme”, car c’est le mot approprié qui nous manquerait pour désigner l’idée de ce quelque chose en Dieu qui se réjouit de l’excellence de l’homme, et de ce quelque chose en l’homme qui, du coup, n’a plus peur de se réjouir de l’excellence de Dieu. Aristote disait avec franchise qu’il ne pouvait pas aimer Dieu, car l’amitié implique un minimum d’égalité. Or justement, le Christ est un homme-Dieu, par lequel s’établit une sorte de mystérieuse et invraisemblable égalité.

“Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis”

Le mot d’amitié enveloppe nécessairement l’estime, pas seulement la bienveillance. Il implique aussi la liberté, respectueuse bien sûr, dans les relations. Si Dieu ne s’était pas fait homme, nous serions seulement ses serviteurs et ses créatures. Cela ne serait pas négligeable, car la nature humaine, même considérée en théorie, abstraction faite de la grâce d’adoption, est grande et belle, image de Dieu. Néanmoins, il n’y aurait pas entre l’homme et Dieu cette extraordinaire familiarité et même cette sorte d’égalité qui tient uniquement à ce que l’un d’entre nous, Jésus de Nazareth, est maintenant Dieu en Personne. La prodigieuse liberté d’allure dans la relation avec Dieu serait une impiété ou un blasphème, si ce n’était pas Dieu qui l’avait voulue. De ce point de vue, une religion comme l’islam n’a pas tort de dire que la soumission est la substance et le sommet de la religion, car ce serait vrai, si Dieu ne s’était pas incarné.



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Il y a diverses opinions théologiques sur les rapports entre la nature et la grâce, le naturel et le surnaturel, la grâce et la liberté, ou sur l’impact du péché originel sur la nature humaine et sa liberté. L’humanisme chrétien est toutefois l’opinion que l’Église catholique a largement encouragée, pas seulement à l’époque baroque, mais tout au long de son histoire.

L’union de la grâce et de la nature

Les chrétiens se veulent souvent plus royalistes que le roi, en donnant l’impression qu’on rabaisserait Dieu si on ne rabaissait pas l’homme. En vérité, dans le parfait respect du dogme de la rédemption, il y a place pour un émerveillement de l’homme devant lui-même, pour un enthousiasme pour toutes ses réalisations, où se manifestent la valeur et la puissance de sa nature qu’il a reçue du Créateur, et de sa liberté personnelle.


JOAN OF ARC
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La recherche du bonheur, profond et véritable, dans cette existence passagère, n’est pas contraire à l’espérance du paradis, ni à l’esprit des béatitudes. La raison n’est pas non plus contraire à la foi, ni la technique à la sagesse. Une civilisation de liberté ne s’oppose pas à la souveraineté divine. De plus, le concept d’humanisme est justement ce qui permet d’unir dans notre civilisation la grâce à la nature, dans ses deux grandes réalisations culturelles, antique et moderne. L’humanisme de la sagesse antique a poussé le grand empereur Marc Aurèle aux persécutions des chrétiens ; et pourtant les chrétiens ont sauvé et transfiguré la sagesse antique et stoïque. De même la sagesse moderne s’est constituée souvent contre l’Église. Néanmoins, il en ira probablement de même pour elle.

Refaire la Renaissance ?

Les papes de la Renaissance ont mauvaise réputation, y compris auprès des chrétiens et des catholiques. Mais en fait, à l’exception d’Alexandre VI (qui a tout de même évité par ses talents de diplomate une terrible guerre entre Espagnols et Portugais), la plupart étaient d’une grande dignité sur le siège de Rome. Ils avaient compris que les temps requéraient l’encouragement d’une nouvelle sensibilité chrétienne dont la Rome renaissante porte encore le visible témoignage. Il est bien regrettable qu’ils n’aient pas été plus suivis.

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