Doisneau a photographié toute sa vie la musique. Des chanteurs de rue aux stars les plus célèbres, il a immmortalisé, à travers des centaines de clichés, les joies de la musique. La philarmonie de Paris consacre une exposition inédite sur ce pan méconnu de la carrière du photographe jusqu’au 28 avril 2019. « Dans mon école idéale de photographie », disait Robert Doisneau, « il y aurait un professeur de bouquet et un professeur de musique. On ne formerait pas des virtuoses du violon, mais on expliquerait le rôle de la musique qui donne une lumière sur les civilisations passées, formation complémentaire très nécessaire”. Dévoiler le sens musical de l’œuvre du photographe, voilà toute l’ambition de cette nouvelle exposition qui rassemble plus de deux cents photographies.
Doisneau, un photographe mélomane
On connaît son amour pour les Paris et sa banlieue, récemment pour le bord de mer, aujourd’hui c’est au cœur du monde musical que se dévoile son regard humaniste. Mais plus que l’amour de la musique, c’est l’amour des gens qui se révèle dans chacun de ses clichés, comme en témoigne l’immense galerie de portraits, poétiques ou amusés, des artistes qu’il a immortalisés. Des chanteurs, aux musiciens, jusqu’aux fanfares, il s’attache à montrer tout ce qui donne des airs de fête à la rue.
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Dans les années 1950, il captait la mélancolie de Pierre Schaeffer, le père de la musique acoustique ou encore le sourire de Pierre Boulez, l’enfant terrible, figure de référence en matière de musique aléatoire. Dans les années 1980, il croisait le chemin de plusieurs stars de la chanson comme les Rita Mitsouko, alors en pleine jeunesse.
La musique, un remède à la tristesse
Mais sa plus belle réalisation musicale adviendra lors de sa rencontre avec le violoncelliste skieur, Maurice Baquet. Dès leur rencontre, au lendemain de la guerre, ils décident de réaliser un livre. C’est alors la naissance, en 1981, de Ballade pour un violoncelle et chambre noire, un recueil de photographies où le musicien utilise son instrument dans toutes sortes de situations comiques. Doisneau s’adonne alors à tous les plaisirs de la photographie : montages, trucages, collages… Il écrira en parlant de Baquet : “Quand nos routes se sont croisées, j’avais trouvé mon professeur de bonheur”.
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Le bonheur, l’objectif principal de la musique ? “Elle chasse la haine chez ceux qui sont sans amour. Elle donne la paix à ceux qui sont sans repos, elle console ceux qui pleurent”, disait le violoncelliste Pablo Casals. Une phrase qu’aurait pu s’approprier Robert Doisneau qui voyait la musique comme un remède à la tristesse. “Dans la rue, vous sifflotez des petits airs qui vous donnent du courage”, écrivait-il avec une pointe de mélancolie.