Comment reconnaître un Christ ressuscité ? Pourquoi Judas porte-t-il un vêtement jaune ? Quel apôtre est représenté à côté de Jésus ? La peinture religieuse a longtemps permis de rendre accessible à tous la Bonne Nouvelle. Connaissez-vous les codes et symboles qui permettent d’en comprendre le sens ?Un nouveau guide pour Décoder un tableau religieux vient de paraître aux éditions du Cerf. Éliane et Régis Burnet font encore une fois œuvre d’une pédagogie remarquable pour expliquer les grands thèmes religieux inspirés du Nouveau Testament. Un ouvrage à mettre entre toutes les mains des curieux visiteurs d’églises ou de musées ! Car, faut-il le rappeler, jusqu’au XIXe siècle, la peinture est largement dominée par les thèmes religieux. Pour mieux l’interpréter, Aleteia vous livre cinq clefs.
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Faire le portrait de Dieu ne va pas de soi
Traditionnellement, le judaïsme interdit la représentation de Dieu : “Tu ne te feras pas de dieu en forme de statue” (Exode 34,17). Le christianisme rompt avec cet interdit traditionnel en représentant l’apparition de Dieu dans le monde, à travers son fils nouveau-né adoré par les mages ou blotti dans les bras de sa mère.
C’est tantôt l’humanité, tantôt la divinité du Christ qui est mise en valeur. Dans les premiers temps, sa divinité doit être réaffirmée face aux incroyants : l’Enfant-Jésus est représenté “dans une posture hiératique avec une robe de cérémonie d’allure byzantine”. À la Renaissance, quand la divinité du Christ est largement reconnue, l’Enfant est plus souvent représenté nu, pour insister sur sa nature de vrai homme. De plus en plus de représentations mettent en valeur ses plaies et sa souffrance.
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Le Christ est représenté d’une manière spéciale après sa résurrection
“S’il est ressuscité dans son corps, puisque Marie-Madeleine le reconnaît, on doit comprendre qu’il s’agit d’un “corps ressuscité””. Plusieurs indices sont utilisés. D’abord, la tenue du Christ : souvent, il porte un vêtement blanc ou un simple linceul. Parfois, son vêtement est rouge ; dans ce cas, il porte généralement des stigmates. Il peut aussi arborer, au bout d’un bâton, l’étendard de la Résurrection : un drapeau blanc frappé d’une croix rouge.
Sur les peintures des XVIIe et XVIIIe siècles, les attributs de la Résurrection ont tendance à disparaître. Le Christ est plutôt représenté comme un jardinier. Si une femme fait le geste de vouloir le toucher, il s’agit de Marie-Madeleine.
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La représentation de Marie évolue en même temps que la façon dont on conçoit son rôle
Du IVe au XIVe siècle, sous l’influence de l’art byzantin, Marie est souvent peinte assise sur un trône. Le marchepied ou coussin sur lequel reposent ses pieds sont deux attributs impériaux. Elle est représentée fixe et impassible, signe de son caractère sacré, parfois plus grande que les autres figurants, une étoile au-dessus de la tête.
À la Renaissance, elle est peinte comme une simple femme, dans des positions naturelles. Elle porte ses vêtements traditionnels, bleu et rouge ou bleu et blanc. À partir du XIXe siècle, avec la définition du dogme de l’Immaculée Conception, elle est fréquemment représentée couronnée.
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Les apôtres sont souvent peints avec l’instrument de leur supplice
On peut reconnaître les apôtres grâce à l’instrument de leur supplice : une hache pour Matthieu et Matthias, une croix pour Philippe et une croix en X pour André, un couteau pour Barthélémy, une lance pour Thomas, une massue pour Jacques le Mineur, une scie pour Simon, une épée pour Paul.
D’autres indices permettent de les distinguer. Pierre est généralement peint avec une barbe blanche, la tête chauve ou les cheveux courts et blancs Il porte une clef ou la tiare pontificale. Parfois, il est accompagné d’un coq, en mémoire du reniement. André peut porter un filet de pêche, en écho à son métier. Jean est représenté dans sa jeunesse, imberbe, avec un air de candeur. En tant qu’évangéliste, il a l’aigle pour attribut, ainsi qu’un calice d’où s’échappent un serpent ou un dragon en place de l’hostie. Saint Jacques le Majeur est représenté en pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle.
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Chaque couleur a un sens symbolique
Comme le rappellent Éliane et Régis Burnet, le blanc évoque la pureté et l’éternité ; c’est le plus souvent la couleur de l’habit du Christ ressuscité. Le rouge rappelle le sang, la guerre et le feu. Le vert évoque l’espérance et l’amour naissant. Le bleu, longtemps couleur neutre, était confondu avec le noir, couleur du deuil, du désespoir, avant de devenir la couleur phare de l’Occident, attachée à Marie. Le jaune est la couleur des traitres ou des renégats, du déclin, de la maladie, du démon. C’est pourquoi il s’est imposé comme la couleur de Judas.
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