Alors que se déroule ce 1er décembre la 30ᵉ journée mondiale de lutte contre le sida, l’Église s’investit depuis de nombreuses années auprès des personnes atteintes par cette maladie. Prévention, accueil et écoute.« J’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais malade, et vous m’avez visité ». En cette 30ᵉ journée mondiale de lutte contre le sida, l’évangile selon saint Matthieu prend une résonance toute particulière. Mais de quelle réalité parle-t-on ? Près de trois séropositifs sur cinq dans le monde (21,7 millions sur 36,9 millions au total) prennent désormais des traitements antirétroviraux, soit la plus haute proportion jamais atteinte, d’après le dernier rapport de de l’Onusida. En 2017, 940.000 personnes dans le monde sont mortes de maladies liées au sida. À titre de comparaison, au pic de l’épidémie en 2005, 1,9 million de décès dans le monde étaient liés au sida.
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Sur ce front, l’Église a souvent été malmenée par l’opinion, elle n’en a pas moins été très active. Au pic de l’épidémie, elle était ainsi le plus important prestataire “privé” de soins aux malades du sida : 44% étaient des institutions d’État, 26,7% des institutions catholiques et 18,3% des ONG d’après le Conseil pontifical pour la Santé. L’Église est également engagée dans la prévention contre la transmission du virus HIV par l’intermédiaire de ses réseaux d’écoles, de mouvements de jeunesse et d’associations familiales.
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En 2004, le Saint-Siège a créé, sous l’impulsion du Pape Jean-Paul II, la Fondation du Bon Samaritain. L’objectif : financer des projets de soins et d’éducation en direction des personnes concernées et de la prévention. « Au cours de ces dernières années, se sont multipliées les demandes, de la part des Églises locales, d’affronter à nouveau ce thème et de mettre au point une nouvelle aide pastorale qui puisse les aider à améliorer leurs interventions; non seulement pastorales, mais également médicales et sanitaires », confiait en 2011 le président de la Fondation à L’Osservatore Romano. Cette fondation est toujours en activité.
À l’international, le réseau Caritas a rapidement lancé plusieurs projets afin d’accompagner les malades du Sida et scolariser les orphelins. En 2005 a ainsi été créé au sein du Secours Catholique un fonds spécifique d’un million d’euros, dédié à la lutte contre le Sida. Il a permis de renforcer des actions déjà engagées et développer des projets innovants de prises en charge médicales (avec des ARV) en complément de cofinancements publics.
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En France, plusieurs associations chrétiennes ont été créées pour accompagner les proches et les malades atteints du sida. C’est le cas de l’association Tibériade, fondée en 1988 à l’initiative du cardinal Jean-Marie Lustiger… à la suite d’une conversation avec Mère Teresa. Lors d’une visite à New-York, il avait été impressionné par l’action des Missionnaires de la Charité auprès des personnes atteintes du sida. Mère Teresa lui avait alors posé la question : « Et toi, que fais-tu pour elles ? » À l’époque, rien n’existait sur le diocèse de Paris dans ce domaine-là. Le cardinal Lustiger décide alors de fonder le centre Tibériade, rue de Varenne (7e), spécialisé dans l’accueil de jour des personnes séropositives et des malades.
« Le propre de l’accompagnement que nous proposons à Tibériade est de ne pas poser d’exigences morales inaccessibles – chasteté ou abstinence –, tout en réaffirmant l’idéal de vie chrétien », a ainsi expliqué le père Jean-Louis de Fombelle, aumônier de Tibériade, à Paris Notre-Dame. « L’Église catholique se doit d’avoir une parole claire et lumineuse, tout en étant pleinement dans la réalité. Que dit le pape François si ce n’est cela ? Du reste, cette attitude est celle du Christ qui, tout en prêchant des idéaux élevés, a toujours su accueillir ceux qui venaient vers lui, quels qu’ils soient ».
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