Corinne Farré s’est lancée dans la traduction en vidéo des textes de la messe du dimanche en langue des signes.Son entreprise est titanesque, mais pourrait rendre service à quelque 300.000 personnes en France. À partir du premier dimanche de l’Avent, Corinne Farré va traduire les quatre lectures de la messe du dimanche en langue des signes française et les diffuser sur YouTube. Elle souhaite permettre aux personnes sourdes un meilleur accès à la Parole de Dieu. Un projet à long terme, puisque l’interprète souhaite traduire les textes du dimanche pour les trois années liturgiques, A, B et C.
La langue des signes : leur première langue
« Pourquoi traduire les textes en langue des signes ?», s’interrogent peut-être d’aucuns. « Les personnes sourdes n’ont-elles pas accès à la lecture ? ». Imaginez que vous n’ayez accès à la Bible qu’en allemand ou en anglais. Pour certains, l’exercice se corserait ! « La langue des signes est la première langue des personnes sourdes, c’est leur langue naturelle », soutient Corinne Farré. « Elle est construite dans une logique visuelle. Le français n’est que leur seconde langue. Certains y ont accès, d’autres beaucoup moins. On constate beaucoup d’illettrisme chez les sourds. Les textes bibliques peuvent être complexes au niveau de leur formulation, de leur sens caché. On ne comprend pas forcément tout d’emblée. Les difficultés sont multipliées. Ces vidéos leur permettront d’avoir une compréhension directe ».
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Selon la Fédération Nationale des Sourd de France, on compte aujourd’hui 300.000 sourds profonds dans le pays ; un tiers d’entre eux pratiquent couramment la langue des signes. Corinne Farré, qui exerce ce métier depuis plus de vingt ans, a été frappée de constater que l’accès aux textes religieux restait très restreint pour eux. Dans l’Église, en France, les interprètes se font rare. « Aujourd’hui, ils sont très peu à être spécialisés dans ce domaine-là », explique-t-elle.
« La langue des signes n’est pas un code, un langage, du mime : c’est une langue à part entière. Excepté en région parisienne où il y a quelques projets, c’est très pauvre. J’ai pensé qu’il fallait vraiment mettre en place quelque chose de sérieux pour les sourds ».
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