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Asseoir son autorité sans fessée, est-ce possible ?

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Mathilde de Robien - publié le 29/11/18
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Le débat sur l’interdiction de la fessée est relancé ce jeudi 29 novembre à l’Assemblée nationale, suite à une nouvelle proposition de loi présentée par Maud Petit, députée MoDem du Val-de-Marne. Ce sujet, d’ordre à la fois intime et public, est l’occasion de réfléchir sur les fondements et la finalité de l’autorité parentale, ainsi que sur les vertus nécessaires à tout éducateur.Du latin augere (augmenter, faire croître), l’autorité confère un pouvoir à l’éducateur dans le but de faire grandir la personne qui lui est confiée. Elle est légitime dans la mesure où elle cherche à rendre l’enfant capable de conduire sa vie, en devenant peu à peu responsable et maître de ses choix et de ses actes. Le père Yannik Bonnet, père de 7 enfants, veuf, puis ordonné prêtre en 1999, décédé le 16 mars 2018, s’est beaucoup interrogé sur le grand défi qu’est l’éducation. Il souligne dans Les neuf fondamentaux de l’éducation (Presses de la Renaissance), que l’autorité se doit d’être au service de l’éduqué. La finalité de l’éducation est de permettre à l’éduqué de trouver un sens à sa vie, pour qu’il ait des chances de construire son propre bonheur. Ainsi, « si nous sommes mobilisés par ce désir de faire grandir une personne, de l’aider à vivre dans la société et à construire une vie heureuse, nous n’avons pas à avoir mauvaise conscience d’exercer une autorité », précise-t-il. « Il suffira de ne jamais oublier que cette autorité est un service que l’on rend à l’éduqué. » L’autorité est en réalité de l’ordre de l’amour.

Cultiver les vertus de force et de tempérance

Mais dans la vraie vie, lorsqu’on est à bout, fatigué, exaspéré par la colère interminable d’un enfant frustré, il est parfois difficile de se raisonner, d’adopter une attitude bienveillante et de résister à l’envie de donner une fessée. Le père Bonnet insiste dans son enseignement sur la nécessité de s’éduquer soi-même afin d’éduquer son enfant. « Il est impossible d’éduquer les autres sans continuer de s’éduquer soi-même », écrit-il. Et plus loin : « Nous élevons nos enfants, mais ils nous élèvent aussi, en nous obligeant à nous surpasser. »


PARENTS SHOUTING AT THEIR CHILD
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Éduquer demande selon lui l’acquisition progressive des quatre vertus cardinales : justice, force, prudence et tempérance. La vertu de force serait particulièrement utile dans les moments où un parent serait tenté de faire usage de la violence. « Certaines crises, et pas seulement à l’adolescence, demandent aux parents une véritable force morale pour tenir ferme sans violence », précise le père. De même, la vertu de tempérance, qui désigne la maîtrise de ses passions, est un modèle en soi pour l’enfant. « Comment aider un enfant à canaliser ses émotions, à maîtriser ses pulsions, à ordonner ses sentiments, si on ne lui donne pas l’exemple ? », interroge-t-il.

Comment réagir face aux « grosses colères » ?

Une fessée peut parfois « tomber » en dernier recours, alors qu’on a « tout essayé » et que l’enfant ne veut rien entendre. Bon nombre de parents ont pourtant fait l’expérience qu’une sanction donnée dans l’énervement envenime plus la situation qu’elle ne la résout. Sophie Poncet, psychologue du développement socio-cognitif et membre de l’association MCAdS (Mieux connaître l’angoisse de séparation), invite dans ce cas à se détacher de l’enfant, à prendre de la distance par rapport à lui. Les parents peuvent dire à l’enfant : « Je peux continuer à être heureux même si pour l’instant tu restes dans ta colère ».


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Cette attitude prend en compte le besoin de l’enfant à passer sa colère par le corps et le met face aux conséquences de ses actes. Il exerce pendant ce temps sa liberté de choix : rester dans sa colère ou en sortir. Cette pédagogie permet à l’enfant de prendre sa vie en main, de choisir de grandir, de faire ce qui est bon pour lui. « Il ne s’agit pas d’avoir des enfants parfaits, sages comme des images, mais des enfants vivants, qui comprennent comment ils fonctionnent », explique la psychologue. « Des enfants qui ont compris dès leur plus jeune âge qu’ils sont faits pour grandir, pour être heureux, et que le bonheur ne tombe pas du ciel : il se construit par la décision de la volonté, éduquée à la liberté véritable. » (Annexe du Guide de survie à l’usage des parents, Quasar).

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