Labellisée d’intérêt national, l’exposition “Splendeurs du christianisme”, présentée au musée de la Cour d’Or-Metz Métropole, propose une incroyable collection d’objets religieux dont la plupart jamais montrés au public. Anne Adrian, commissaire de l’exposition, nous révèle les secrets d’une pièce rare : un voile de Carême.
Point de départ de cette belle exposition : les résultats d’un programme universitaire ambitieux, soutenu par l’Agence nationale de la recherche, centré sur la création artistique issue du christianisme dans un vaste territoire allant de la mer du Nord à l’Italie du Nord. Un projet d’envergure qui a donné l’idée au musée de Metz de dévoiler ces brillantes recherches au public.
Plus de cent prêts exceptionnels
Et Metz a fait fort puisque trente-sept institutions françaises et étrangères ont accepté de prêter leurs œuvres pour cette exposition qui rassemble 107 œuvres majeures dont beaucoup exposées pour la première fois au public. Un projet de grande ampleur qui lui a valu le label “Exposition d’intérêt national”. Une fierté pour la commissaire d’exposition, Anne Adrian, qui a travaillé en étroite collaboration avec l’Université de Lorraine. Parmi les objets précieux, un modeste morceau de tissu attire davantage l’attention en raison de sa rareté.
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Acheté il y a quelques années par le musée de Metz dans le cadre d’une vente publique, ce voile de Carême s’avère être une pièce exceptionnelle. Mais de quoi s’agit-il ? “Un voile de Carême est un textile peint à usage liturgique. Au Moyen Âge, ce grand voile était suspendu devant le chœur durant la Semaine sainte et ouvert, comme un rideau, à l’avant veille de Pâques pour dévoiler le mystère pascal”, explique Anne Adrian. “C’est une pièce très rare et il n’en existe quasiment plus en France. Celui-ci, en lin, est certainement de provenance germanique et date de la fin du Moyen Âge”, ajoute-t-elle.
Une bande-dessinée à usage liturgique
Aujourd’hui simple fragment, le voile était beaucoup plus grand à l’origine. “Il a été restauré au Centre de recherches des musées de France et il a été clairement établi que le tissu était beaucoup plus grand à l’époque. Ici, il ne s’agit que d’un fragment de 105 cm sur 230 cm. Mais ces voiles de Carême pouvaient parfois atteindre jusqu’à 60m2″, précise-t-elle. Recouvert de scènes de la Passion du Christ, que l’on devine grâce aux pigments conservés, ce voile de Carême fonctionnait comme une bande-dessinée. “Durant la Semaine sainte, les fidèles étaient invités à faire pénitence et à méditer devant la Passion du Christ. Mais ce type de traditions se rencontraient davantage dans les pays germaniques où les voiles ont été mieux conservés”.
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Parmi les autres pièces exceptionnelles présentées dans l’exposition, impossible de manquer l’impressionnante statue-reliquaire de saint Ours, en argent ciselé et agrémentée de pierres précieuses, chef-d’œuvre de la vallée d’Aoste (Italie).
“C’est un prêt exceptionnel de la collégiale des Saints-Pierre-et-Ours d’Aoste. Ce reliquaire du XVe siècle est toujours en usage et sorti chaque année pour les foires de la saint Ours.” Orfèvreries, sculptures, peintures, manuscrits, textiles et vitraux… c’est plus d’une centaine de chefs-d’œuvre qui sont encore à découvrir jusqu’au 29 janvier 2019.