Au cœur de la ville de Moscou se trouve un des monastères les plus célèbres de Russie : le monastère et séminaire Sretensky. Connu pour la qualité de ses chants mais aussi de sa formation, il y accueille, chaque année, de nombreux séminaristes se préparant à la prêtrise. Après avoir subi de nombreuses difficultés au temps de l’URSS, le monastère de Sretensky bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle liberté qui lui permet de contribuer au renouveau spirituel de la Russie. Aleteia est parti à la rencontre de l’un de ces séminaristes, Artiom Banchikov, pour recueillir son témoignage.
Aleteia : Qui êtes-vous et pourquoi êtes-vous entré au séminaire ?
Artiom Banchikov : Je m’appelle Artiom, j’ai 21 ans et je suis né à Vladimir, l’ancienne capitale de la Sainte Russie. Depuis mon enfance, je suis toujours allé à l’église avec ma grand-mère. C’est à l’âge de 15 ans que j’ai pris la décision de devenir prêtre car j’ai senti l’appel de Dieu à devenir un apôtre, à témoigner du Christ et à servir les gens en prenant soin de leur âme. Je voulais également étudier la théologie. Je suis donc entré au séminaire juste après avoir terminé l’école. J’y étudie depuis deux ans et j’y ai rencontré pleins de belles personnes. Ce n’est pas toujours facile mais nous devons supporter toutes les épreuves car ce sont elles qui nous rendent plus forts.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre monastère ?
Le monastère Sretenski a été construit en 1397 suite à la libération miraculeuse de Moscou de l’invasion des Mongols. Ce miracle a eu lieu grâce à l’intercession de l’icône de la Mère de Dieu qui avait été apportée de la ville de Vladimir. Toute l’histoire de ce monastère se fonde sur cet évènement. C’est un véritable lieu saint car le peuple russe vient y prier la Mère de Dieu afin qu’elle protège toute la Russie. En 1812, quand Napoléon envahit Moscou, les soldats français se retrouvent sur le territoire du monastère. Ils rencontrent les moines et leur interdisent de célébrer la divine liturgie. Mais ces derniers répondent : “Nous allons prier pour notre peuple et nous n’avons pas peur d’offrir notre vie pour Dieu”. Les soldats rapportent leurs échanges à Napoléon qui, contre toute attente, autorise les moines à poursuivre leurs célébrations religieuses. Ce fut un grand miracle ! Il faut également savoir que les soldats français qui sont morts ici ont pu reposer dans le cimetière des moines.
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En 1920, en pleine guerre civile, le père supérieur du monastère — devenu l’évêque Hilarion — a fait en sorte que la divine liturgie y soit célébrée quotidiennement. Mais en 1922, les bolchéviques l’ont arrêté et ont instauré une fausse Église, l’Église vivante (ou Église rénovationiste), qui résida dans le monastère pendant plus d’un an. En 1923, l’évêque Hilarion est finalement revenu puis, en juillet 1926, le jour de la fête de l’icône de la Mère de Dieu de Vladimir, le patriarche Tikhon se rendit au monastère pour y célébrer un office de réparation. Quant au père supérieur, il devint archevêque et trois ans plus tard, il partit dans les îles Solovki. Le monastère fut alors fermé.
Durant le XXe siècle, les prêtres et les fidèles qui sont venus prier au monastère ont été tués. Ce lieu saint a été reconstruit sur le sang de ces martyrs. En 1994, le hiéromoine Tikhon Shevkounov devient le nouveau supérieur du monastère. En 2000, le bâtiment qui faisait office d’école française est acheté et transformé en séminaire. En trois ans, tout a été reconstruit. Une nouvelle cathédrale est également édifiée, dédicacée à la résurrection du Christ et aux nouveaux martyrs. Elle est inaugurée le 25 mai 2017, jour de l’Ascension du Christ. Ce fut un grand moment de fête car l’on célébrait également les dix ans de la restauration de la communion du patriarcat de Moscou et de l’Église orthodoxe russe hors frontières.
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Quel est la journée type d’un séminariste ?
Nous nous levons à 7 heures le matin. Puis nous allons à l’église pour prier les matines et nous aidons au bon déroulement des offices en lisant et chantant. Nous prenons ensuite notre petit déjeuner et nous suivons une série de cours tout au long de la journée jusqu’à 16 heures. Après cela, différents travaux sont possibles : faire visiter le monastère, aider au réfectoire ou à la bibliothèque… Ensuite, nous dînons et disposons de temps libre le soir. À 22 heures, nous nous rendons à l’église pour les prières du soir, puis à 23 heures nous allons dormir. Voici comment se déroule un jour classique pour les séminaristes.
Chaque année, il y a environ quarante nouveaux postulants qui entrent au séminaire. Avant, il y en avait beaucoup moins. En tout, nous sommes 200 séminaristes. Notre tâche principale c’est d’apprendre à être patient et obéissant. Ce sont ces qualités qui nous apprennent à devenir un bon prêtre. Il est également important d’être attentif à chaque personne et notamment aux souffrances des autres, parce qu’un prêtre c’est une personne qui témoigne de Dieu.