C’est inédit. Dans le cadre de l’opération Laudato Si’ Challenge, soutenue par le Vatican, une plateforme d’investissement participatif lancée cette semaine doit permettre de recueillir des dons pour soutenir treize start-up opérant dans le domaine de la solidarité.L’Église ne cesse d’étendre son rôle, parfois même en dehors du champ strictement religieux. Laudato Si’ Challenge en est un exemple, et non des moindres. Inspiré par l’encyclique du pape François Laudato Si’ pour « la sauvegarde de la maison », cet accélérateur de start-up à vocation sociale et écologique a acté le 13 juin dernier, à New York, le lancement de sa deuxième édition.
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À l’origine de cette initiative, deux figures emblématiques de la finance solidaire californienne, Éric Harr et Steven Forte. Frappés par l’appel du pape François en 2015, ils proposent au cardinal Turkson, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral, de recueillir les dons de grandes fortunes, d’institutionnels et de fondations internationales, pour financer l’initiative de start-up aux projets innovants en lien avec « l’impact investing ».
Une deuxième édition destinée aux réfugiés
Après une première édition réussie en 2017, sur l’enjeu climatique, Laudato Si’ Challenge remet ça avec une approche plus sociale. Après les changements climatiques, c’est au tour de la problématique des « déplacements forcés » de population, autrement dit des migrants, autre volet de l’encyclique papale, d’être mis en avant. Objectif : « Améliorer durablement la vie de dix millions de réfugiés d’ici à 2020 par le biais d’entreprises innovantes et durables, responsables et éthiques » peut-on lire sur le site de l’évènement.
Cette année le Vatican a vu plus grand, ou du moins plus large, avec la volonté de sortir du seul cadre des grands donateurs pour impliquer davantage les citoyens. Une mission qui revient à la plateforme française d’investissement participatif Lita.co, fondée en 2014. « Le but est de démocratiser l’initiative et permettre à n’importe qui de pouvoir participer », explique à Aleteia Eva Sadoun, co-présidente de Lita avec Julien Benayoun. Des plus petits aux plus grands, tous les dons sont les bienvenus, avec un montant minimum de 10 euros. « L’important c’est de participer et de former ainsi une communauté d’acteurs sensibles à la cause des réfugiés » souligne-t-elle.
« Nos motivations ne sont pas religieuses »
Pour la plateforme, l’objectif est de lever 10 millions d’euros du 20 novembre dernier, date du lancement, à février 2019, au profit des treize start-up sélectionnées. Parmi elles, un projet de développement d’espaces de coworking pour les réfugiés ou encore une plateforme proposant des opportunités d’emploi notamment dans la traduction. Plus globalement, ces entreprises destinées à être rentables sont non-confessionnelles. « Nos motivations ne sont pas religieuses, nous voulons rassembler les gens au-delà de leur croyance, par des valeurs communes de solidarité ».
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Et le Vatican dans tout ça ? « Il a permis de démocratiser la question des réfugiés de donner une base philosophique aux projets développés », explique encore Eva Sadoun. Car c’est là-bas, le 4 décembre, au cœur de Rome, que se réuniront tous les acteurs du projet pour présenter les treize start-up et réaffirmer les objectifs du Laudato Si’ Challenge. De son côté, ouverte depuis seulement 48 heures, la plateforme mise en ligne par Lita a déjà récolté 100.000 euros, principalement fournis par des donateurs français et américains. Un beau succès en perspective.