Les deux plus hauts dirigeants khmers rouges encore en vie ont été condamnés ce vendredi au Cambodge à la prison à vie pour “génocide”. C’est la première fois que ce qualificatif a été employé par le tribunal cambodgien parrainé par l’ONU. Un verdict historique contre un régime qui a conduit à la mort quelques deux millions de personnes entre 1975-1979.
Près de quarante ans après la libération du pays de l’horreur khmère rouge, fin décembre 1978, les deux derniers grands dirigeants encore en vie du régime ont été, vendredi 16 novembre, déclarés coupables de « génocide ». L’idéologue du mouvement ultra-maoïste Nuon Chea, 92 ans détenait le pouvoir de “décision ultime” avec Pol Pot, a relevé le juge Nil Nonn. Quant à Khieu Samphan, le chef de l’Etat du “Kampuchéa démocratique”, aujourd’hui âgé de 87 ans, il était “le visage” du régime et a “incité” et “contribué aux purges”.
Génocide reconnu pour la première fois
Bien que les exactions du régime aient été perpétrées à une échelle de masse entre 1975 et 1979, le Premier ministre actuel, Hun Sen, lui-même ancien cadre khmer rouge, a demandé qu’aucun autre suspect ne soit renvoyé devant le tribunal, mettant en avant de potentiels troubles dans le royaume.
Nuon Chea et Khieu Samphan comparaissaient depuis 2011 devant cette juridiction. Mais pour tenter d’accélérer la procédure, au vu de l’étendue des charges, les débats ont été divisés en plusieurs procès. A l’issue du premier, qui se concentrait sur “les crimes contre l’humanité”, les deux hommes avaient déjà été condamnés en 2014 à la perpétuité.
Le second procès portait principalement sur des accusations de “génocide”. Pour la première fois, cette qualification a été retenue par le tribunal à l’encontre de Vietnamiens, de membres de la communauté des Chams et d’autres minorités religieuses.
L’objectif de la dictature des Khmers rouges menée par Pol Pot, mort en 1998 sans être jugé, était d’établir “une société athée et homogène supprimant toutes les différences ethniques, nationales, religieuses, raciales, de classe et culturelles”, a relevé le juge Nil Nonn.
Des martyres des Khmers en voie de béatification
L’Eglise catholique a été totalement anéantie par les persécutions sous le régime de Pol Pot. Parmi ses martyres, 35 sont en voie de béatification. Parmi eux figurent, outre Mgr Joseph Chhmar Salas (1937-1977), des prêtres – dont cinq pères des Missions Etrangères de Paris –, des religieux et religieuses ainsi que des laïcs. Tous ont été trouvés morts entre 1970 et 1977.
En effet les responsables de l’Eglise catholique au Cambodge ont lancé en 2015 le processus qui devrait aboutir à leur béatification. Il s’agirait d’une première pour la communauté catholique cambodgienne, forte de 22.000 fidèles aujourd’hui qui ne compte pas encore de bienheureux ou de saints reconnus par l’Eglise.
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