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Entre électro et modernité, le grégorien inspire toujours

LE RAPT INVISIBLE
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Louise Alméras - publié le 12/11/18
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Un chanteur lyrique s’est emparé du grégorien pour monter un projet artistique moderne et inspiré : “Le Rapt invisible”Bien que revisité, le grégorien est toujours actuel dans sa réponse au besoin de transcendance de l’homme. Ce chant millénaire plutôt réservé aux monastères quitte ici sa gangue de tradition spirituelle et de siècles de prière pour se présenter au public, souvent dans des églises et dans une dimension sacrée, ou plutôt spirituelle, si des chanteurs peuvent en être pourvus autant que des hommes tournés vers Dieu. Leur démarche n’en est pas moins salutaire et rare dans la création musicale contemporaine, pour cette époque en quête de sens, de beau et de transcendance vraie.



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“Le Rapt invisible” : sous ce nom quelque peu étonnant, il faut aller fouiller sur leur site pour découvrir le sens de ces deux mots. “Pour nous, l’art peut être une expérience du sacré, l’irruption de la transcendance dans la chair du sensible. L’expérience de la beauté est indicible quand elle a lieu, car la beauté submerge. La beauté ravit. Elle nous ravit à nous-mêmes.” Et leur intuition artistique ne saurait être plus vraie quand ils constatent que “cette submersion et ce rapt nous arrachent à cette terre”, même si le chant grégorien a vocation à nous rendre plus incarné tout en nous reliant au ciel, “où nous sommes un “je” avec des concepts, des idées, des intérêts particuliers, des valeurs”.

“Un rapt est imprévisible”, selon le sens qu’ils en donnent, “comme dans la prière, l’individu en nous s’éclipse pour rejoindre le fond(s) originaire de notre appartenance à ce que nous contemplons”. Enfin, leur démarche artistique se dit clairement spirituelle, mais non religieuse, pour faire sortir les chants sacrés “d’un cadre liturgique et rituel” et en s’en inspirant librement. Le résultat demeure heureusement audible, respectueux et même magnifique.

Costumes noirs contemporains ou plus simplistes, chorégraphies modernes sur fond d’orgue et de sons électroniques, paysages en pleine nature, autant d’ingrédients qui portent la voix du chanteur dans les clips. Une certaine lenteur les rythme, nécessaire à une démarche spirituelle. Certains sont surprenants, d’autres très apaisants.

Le sentiment d’éternité

Entre chorégraphie, performance vocale et musicale, le projet du “Rapt invisible” est porté par le baryton Romain Dayez (formé au Conservatoire de Paris) qui en assure la direction artistique, Baptiste Lagrave et Fabre Guin. Pour obtenir cette multiplicité des arts, ils collaborent avec le réalisateur Victor Toussaint, le chorégraphe Ghislain Grellier, l’artiste-peintre Caroline Chariot-Dayez et le styliste Morgan Remy. À travers leur quête de profondeur, les artistes se réclament ainsi de la pensée de Romain Rolland et de son “sentiment océanique”, “cet élan vital” aussi bien partagé par le poète que par le mystique. On retrouve cette recherche d’une expression universelle du sacré dans leurs images où les personnages portent leur regard vers l’immensité de l’océan.

Du concert au ballet, de Bruxelles à Venise, de nombreuses églises ont pu apprécier leur talent. Ils ont mis leur projet musical au service de la pensée d’Hildegarde von Bingen au Couvent des Bénédictines d’Ermeton dans un spectacle autour de ses visions, mais aussi dans une performance basée sur sa musique. En 2014, ils effectuaient un ballet en l’église Royale Sainte-Marie de Bruxelles pour le centenaire du génocide arménien.



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Romain Dayez se représente aussi en solo avec ce répertoire de chant sacré original, bien reçu dans des lieux de culte catholique comme l’église Saint-Merri à Paris ou chez les Soeurs de saint François d’Assise d’Avignon, en plus des églises ou monastères désaffectés. Pour l’heure, les prochains concerts prévus en 2019 seront entre Avignon et Bruxelles, en passant encore une fois par l’église Saint-Merri à Paris.

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