Le pape François ne cesse d’exhorter les chrétiens à vivre l’Évangile en se déplaçant jusqu’aux périphéries. Les Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) y prennent toute leur part sous différentes formes. Et aussi différents visages. Découvrez celui de sœur Nancy, missionnaire au Myanmar.
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Trois ans au service d’une centaine d’enfants de maternelle en Haute-Birmanie ? C’est la belle aventure qu’a vécue sœur Nancy Yin Yin Htwe. Elle-même est originaire de Yangon, la plus grosse ville du Myanmar, ex-capitale du pays, qui reste encore aujourd’hui son cœur économique et rassemble près de 4.4 millions d’habitants. Là-bas, les vieux bâtiments coloniaux côtoient de grands immeubles modernes. Sœur Nancy a passé son enfance dans une famille de fonctionnaires d’État catholique. « J’ai grandi dans une ville où les chrétiens sont assez minoritaires », explique-t-elle de sa voix fluette. « Chez mes cousins et cousines, il y a beaucoup de religions différentes », poursuit-elle, précisant que sa famille comptait notamment des bouddhistes et des musulmans. La réalité interreligieuse, elle l’a connue dès son plus jeune âge. En Birmanie, le bouddhisme est largement majoritaire puisqu’il est pratiqué par près de 90% des Birmans. Les chrétiens représentent quant à eux un peu moins de 5% de la population.
À 18 ans, la jeune fille, qui rêve de devenir enseignante, sent un appel à se donner toute entière à Dieu. À 22 ans, elle entre donc chez les Franciscaines missionnaires de Marie. Cette communauté missionnaire, fondée en Inde en 1877 par une religieuse française, sœur Marie de la Passion, est vouée à la mission universelle. Aujourd’hui, les sœurs de la congrégation sont engagées à travers le monde dans divers apostolats au service des plus pauvres, dans l’esprit de simplicité de saint François d’Assise et de sainte Claire. Elles sont plus de 6.000 de 80 nationalités différentes, réparties dans 74 pays du monde.
Un territoire traditionnel
En 2005, âgée de 31 ans, sœur Nancy vient de prononcer ses premiers vœux. Elle est alors envoyée dans la ville de Tahan, en haute-Birmanie. Cette vaste région montagneuse, proche de l’Himalaya, représente le cœur historique du pays. Dans ce territoire qui reste assez traditionnel, le travail se fait plus rare qu’à Yangon, en raison de l’absence d’entreprises ou d’usines, explique sœur Nancy. Dans la ville où elle débarque, les gens sont essentiellement cultivateurs — cultures de maïs, de pommes de terre de cacahuètes — mais aussi tisseurs, travaillant alors sur des métiers à l’ancienne. La religieuse est nommée directrice d’une école maternelle qui rassemble une centaine d’enfants.
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Là-bas, elle rencontre une ethnie différente de la sienne, donc il s’impose d’apprendre sa langue pour mieux rencontrer les uns et les autres. Nancy s’attelle à la tâche, aidée quotidiennement par les enfants dont elle s’occupe ! Si la plupart d’entre eux viennent de familles chrétiennes (la moitié est composée de catholiques, l’autre de protestants), quelques-uns sont bouddhistes. La diversité religieuse se vit au quotidien.
« Là-bas, toute la vie, c’est comme une grande famille »
Sœur Nancy, qui a grandi dans un milieu favorisé, découvre là une plus grande précarité. « Dans les petits villages, il arrive que les enseignants ne viennent pas », explique-t-elle. De plus, l’école maternelle n’étant pas obligatoire, les seules écoles qui existent relèvent de l’enseignement privé et ne sont donc pas accessibles aux foyers les plus pauvres. Là-bas, entre 10 et 20% des enfants ne fréquentent pas l’école maternelle. L’école tenue par les sœurs reste gratuite pour les plus pauvres afin « de leur donner une chance ». Sœur Nancy en est certaine : en éduquant les enfants dès leur plus jeune âge, on sème quelque chose pour l’avenir et on les éveille à la vie. « À partir de 4 ans, les enfants commencent à écrire les lettres et à apprendre des mots en anglais », constate-t-elle.
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Si les enfants les plus pauvres sont déjà laissés de côté, il est probable qu’ils auront par la suite un sentiment d’exclusion. En échange, les parents rendent des services à l’école, donnant volontiers un coup de mains pour un problème de plomberie ou fabriquant des bancs pour les écoliers. “Nous, les sœurs, nous donnons notre vie à Dieu, donc ils nous aident aussi. C’est une manière de participer à la mission. Ils ont beaucoup de respect pour les religieuses et les prêtres”, affirme la religieuse. “Là-bas, toute la vie, c’est comme une grande famille. On s’aide les uns les autres. Tout le monde est là s’il y a des difficultés. Les gens sont proches de la nature. Ils restent simples et ne se plaignent pas, même si la vie est dure”. Elle vante leur précieux sens de l’hospitalité. Aujourd’hui, sœur Nancy a changé de continent, puisqu’elle a été envoyée en mission à Oullins, à côté de Lyon (Rhône, France). Aucun doute, de nouvelles aventures l’attendent.
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