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Prolifération de sacs plastiques : l’anomalie américaine

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Paul De Maeyer - publié le 04/11/18
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Alors que de plus en plus de pays mettent un point d’honneur à freiner, voire arrêter, la propagation des matières plastiques, très polluantes, sur leur sol, dix États américains introduisent des lois qui interdisent… de les interdire.Le plastique est une matière si pratique qu’il est omniprésent dans notre vie quotidienne. Léger, malléable, il est aussi pratiquement indestructible. Et c’est précisément cette qualité qui fait de lui un problème pour notre environnement. Non seulement il se décompose très lentement, mais il se fractionne en “micro-fragments” que l’on retrouve dans la chaîne alimentaire et ensuite dans nos assiettes. Il y en a même dans l’eau que nous buvons, que ce soit celle du robinet ou celle en bouteilles. Ces micro-fragments sont aussi ingérés par de nombreux organismes marins, comme le célèbre krill. Ces minuscules crustacés constitue l’aliment de base de nombreux animaux marins. Ils sont capables, à travers leur système digestif, de réduire ces micros plastiques en fragments encore plus petits, facilitant ainsi son absorption. C’est la première fois qu’un tel phénomène est décrit dans l’étude “des dangers que représente la pollution plastique”, relève Bengtson Nash, chercheur à l’Université Griffith, en Australie, cité par La Repubblica.



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500 milliards de sacs plastiques par an

Les sacs plastiques utilisés pour faire ses courses restent un vrai problème. Interdits dans des pays européens comme la France ou l’Italie, l’homme en utilise aujourd’hui 500 milliards par an dans le monde alors même que chaque sac a une durée moyenne d’usage… de 12 minutes chacun, le temps de faire ses achats au supermarché et d’arriver à la maison, selon Priceonomics, cité par le quotidien allemand Die Welt. Lorsque ces emballages sont jetés, explique le site, ils obstruent les systèmes d’égouts, bouchent les canaux de drainage des eaux usées. Ils tuent également près de 100.000 mammifères marins chaque année (par suffocation ou occlusion intestinale) et polluent les mers et l’environnement (notamment les décharges) jusqu’à mille ans avant de se dégrader.

Pour mettre un terme à cette pollution, de nombreux pays dans le monde ont mis en place des mesures destinées à freiner, voire arrêter, la propagation des matières plastiques sur leur sol. Jusqu’à présent, 32 pays, dont 18 en Afrique – les ont purement abolis. Outre la France et l’Italie, se distinguent particulièrement le Cameroun, l’Inde, le Kenya, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Sénégal. Au Kenya, où l’interdiction est la plus drastique, la vente, l’achat, et toute utilisation ou production et importation des sacs en plastique sont passibles de lourdes amendes ou d’une peine de prison de quatre ans, souligne Priceonomics.

Si l’Afrique excelle en matière de lutte contre les sacs plastiques, c’est pour des raisons essentiellement de santé et d’hygiène dans la mesure où l’obstruction des égouts augmente le risque de paludisme sévère. En Inde, l’interdiction du plastique a été introduite dès 2002, après avoir constaté que jusqu’à 20 vaches (considérées comme sacrées dans la religion hindoue) meurent chaque jour pour avoir mangé des sacs plastiques qui jonchent les sols.

D’autres pays ont décidé d’introduire une taxe spéciale sur les sacs ou sachets en plastique. Il s’agit de 18 pays, dont le Botswana, la Bulgarie, le Danemark, l’Afrique du Sud, la Suède et la Turquie. 17 pays, tels que le Brésil, le Japon, la Somalie et l’Espagne, ont introduit une interdiction partielle ou une taxe.


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L’anomalie américaine

Dans ce paysage plutôt encourageant, en ce sens qu’au moins 67 pays dans le monde ont introduit des lois anti-pollution interdisant les sacs plastiques, les États-Unis constituent une “anomalie”, relève le site Priceonomics. Ils vont même à “contre-courant”. En effet, seuls deux États de l’Union ont adopté des lois interdisant leur utilisation : les îles Hawaïennes et la Californie. Et alors que le district fédéral de Washington DC a introduit une taxe sur l’utilisation des sacs ou emballages plastiques, dans quatre états – Delaware, Maine, New York et Rhode Island – des programmes ont été mis en place pour le recyclage et la réutilisation de ces emballages.

Dix autres États – et la grande anomalie est là – ont au contraire voté des lois qui interdisent leur interdiction. Dix États où “le lobbying important de l’industrie plastique a porté ses fruits”, commente Priceonomics : Arizona, Floride, Idaho, Indiana, Iowa, Michigan, Minnesota, Mississippi, Missouri et Wisconsin. Dans trois d’entre eux – l’Arizona, l’Idaho et le Missouri – la loi interdit “inexplicablement” à certaines villes ou comtés d’interdire les sacs plastique, constate pour sa part le Mercury News dans un éditorial publié en novembre dernier.

Les normes anti-plastiques fonctionnent

Dans son éditorial, Mercury News explique que la décision de la Californie de réduire la montagne de plastiques, fonctionne vraiment bien. En effet, la quantité de sacs collectés lors de la dernière journée de nettoyage du littoral, organisée chaque année en septembre, a diminué l’an dernier de 72 % (soit près des trois quarts) par rapport à 2010. Ces sacs ne représentent plus que 1,5 % de tous les déchets ramassés durant la journée, contre 10 % en 2010.

Avant le référendum de 2016 et le « oui » de l’électorat californien à ladite Proposition 67, l’industrie des plastiques a vendu environ 15 milliards de sacs jetables aux consommateurs du Golden State, drainant ainsi près de 2 millions de barils de pétrole, ajoute le site. De toute cette marée de plastique, les Californiens n’en ont recyclé que 3 %.

Un autre exemple est celui de la Chine, où, selon Priceonomics, la situation était si mauvaise qu’une expression « pollution blanche » a été inventée pour indiquer les dommages provoqués par les sacs plastique. Depuis l’interdiction, décidée il y a dix ans, la présence de sacs plastiques dans les déchets est tombée de 60 à 80%, enregistrant “une réduction réelle d’environ 40 milliards de sacs”, précise le site.



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Sauver les océans

On l’a dit, l’impact de la pollution plastique sur les mers et les océans est énorme. Selon une étude publiée dans la revue Current Biology et réalisée par l’Université du Queensland (Australie) et la Wildlife Conservation Society, seulement 13% des océans sont encore wilderness, c’est-à-dire considérés comme non contaminés ou encore intacts. Mais ils sont très vulnérables car la plupart de ces eaux ne sont pas protégées.

A la surface des océans flottent de véritables îles formées de morceaux de plastique. L’exemple le plus effrayant est le Pacific Trash Vortex, situé à mi-chemin entre la Californie et Hawaii. Selon la fondation Ocean Cleanup, l’immense plaque est composée d’environ 1,8 trillions de fragments, dont les plus gros déchets (les macro-plastiques, de 50 centimètres et plus) représentent 53% de la masse. Numériquement, les fameux micro-fragments de plastique (de 0,05 à 0,5 cm) constituent la plus grande catégorie de cette “soupe plastique”, également connue sous le nom de “grande zone d’ordures du Pacifique” (GPGP pour Great Pacific Garbage Patch). Ceux-ci représentent 94% de la masse totale, soit environ 1,7 trillion d’éléments.

Une chose est certaine. Il faut faire quelque chose. “Les océans sont le patrimoine commun de la famille humaine”, comme souligné dans une lettre envoyée au nom du pape François par le Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le Cardinal Pietro Parolin, aux participants de la quatrième Conférence de haut niveau “Notre océan. Un océan pour la vie”, qui a eu lieu en octobre 2017 à Malte. Dans ce document, le Souverain Pontife invite tout le monde à “travailler de manière plus responsable pour sauvegarder nos océans, notre maison commune et nos frères et sœurs, aujourd’hui et à l’avenir”.


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