En 2018, Hiver solidaire fête son dixième anniversaire. Cette initiative parisienne, qui fait tâche d’huile en France, permet la prise en charge de personnes sans-abri durant les mois d’hiver grâce à la mobilisation des équipes. Gérard, un ancien de la rue, est aujourd’hui bénévole. Il raconte son histoire à Aleteia. « C’est grâce à Hiver solidaire que j’ai pu reprendre pied dans la vie normale et me poser complètement », lance-t-il avec conviction. La vie de Gérard n’a pourtant pas toujours été rose. L’homme de 63 ans a passé deux ans sans domicile avant de faire la rencontre des équipes d’Hiver solidaire. Il se souvient de la rue, un univers qu’il décrit comme « très dur ». « La rue, c’est usant. Là-bas, la solidarité n’existe pas », affirme-t-il sans détours. Il y a quatre ans, il a rencontré les membres d’Hiver solidaire de la paroisse Saint-Ambroise (Paris XIe). Une véritable planche de salut pour cet homme fatigué qui a vu là une occasion de se sociabiliser. « Vous êtes bien obligé de dire bonjour aux bénévoles », ajoute-t-il en riant franchement. Ce bonjour « obligé » lui a permis peu à peu de « reprendre du poil de la bête » et de « se regonfler », ainsi qu’il le dit bien volontiers.
Un retour à la vie
« Ici, on ne vous demande pas d’où vous venez, ni autre chose, mais simplement votre prénom ou un surnom, tandis que les organismes sociaux veulent que vous sortiez des tas de documents et que vous racontiez cent fois votre histoire ». Une discrétion de rigueur qui permet une rencontre de personne à personne, au-delà de l’histoire de vie de chacun. « J’ai été cocooné », poursuit le sexagénaire, qui se souvient avec émotion des repas partagés et des bénévoles qui avaient passé une ou deux heures à préparer un repas. « Ici, on mange assis », souligne-t-il. Un détail qui n’en est pas un pour ces hommes et ces femmes qui consomment souvent leur nourriture à même le sol. Gérard a également été marqué par le sourire du père Augustin Deneck, curé de la paroisse. « Sans rien laisser paraître, il vous ramène tout doucement à la vie », confie-t-il.
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Au fil des rencontres, Gérard a pu reprendre pied et retrouver une stabilité émotionnelle. Grâce aux Petits frères des pauvres, il a trouvé un logement. Il se décrit comme un revenant. Aujourd’hui, cet ancien cuisinier « en pleine forme » exploite ses talents et prépare repas et cafés matutinaux pour les gars de la rue. En malgré les grognements et réticences de certains, il tient à les mettre à contribution : « La première fois, ils font la tronche. La deuxième fois, ils viennent spontanément », s’écrie-t-il. Car la cuisine c’est son dada. « J’aime bien partir d’une courgette ou d’une viande plus ou moins noble pour en faire un bon plat en y ajoutant des épices ». Pourquoi fait-il cela ? Par gratitude. Pour ce rescapé, nul doute, cela sonne comme « une sorte de remerciement ».