À la croisée des chemins entre Paris, Amiens, Reims, Lille et Bruxelles, c'est la ville de Saint-Quentin (Aisnes) qui se dresse. Sa position géographique intéressante ne date pas d’hier. Elle remonte aux premiers chrétiens, lorsque la ville portait encore son nom latin Augusta Viromanduorum fondée par le pouvoir romain en l’honneur de l’empereur Auguste.
Vers l’an 302, Quentin, un jeune romain d’origine noble, est envoyé prêcher l’Évangile dans les Gaules, en compagnie de Lucien (futur martyr de Beauvais) et d’autres compagnons. De Rome il arrive à Amiens où ses sermons et sa renommée provoquent la colère du préfet romain Rictiovare qui l'arrête. Torturé, il refuse d’abjurer sa foi et est alors emmené à Reims, la capitale de la Gaule Belgique, une des quatre provinces créées par Auguste, pour y être jugé.
Mais, en route, il s’échappe miraculeusement et finit à Augusta Viromanduorum où il recommence à prêcher avec succès, convertissant et procédant à de nombreux miracles : Il fait un signe de Croix sur les yeux des aveugles, et ils voient ; il fait parler les muets, entendre les sourds, marcher les paralytiques… Néanmoins, le préfet finit par le rattraper. Il est de nouveau torturé puis décapité, et son corps jeté par les soldats romains dans les marais qui entourent la Somme, dans le plus grand secret.
50 ans plus tard...
Selon des récits datant du VIIe et du VIIIe siècle, son corps a été retrouvé 50 ans plus tard par une riche romaine, aveugle et pieuse, qui fut avertie par un ange de se rendre au camp de Vermandois, pour y chercher le corps du saint et de l'ensevelir. Celui-ci lui serait apparu, intact et parfumé, à la surface de l'eau, alors qu’elle était en train de prier sur le bord des marais. La pieuse femme s’est alors empressée de le faire enterrer et de faire ériger une église sur son tombeau. On raconte qu’en récompense de sa dévotion, la femme fut guérie de sa cécité.
L’église est successivement agrandie. Les pèlerinages sur la tombe du saint se multiplient, et au Moyen Âge, une nouvelle agglomération voit le jour sous le nom de Saint-Quentin, qui devient la capitale du comté de Vermandois à partir du IXe siècle. La construction de l’actuelle basilique, qui renferme les reliques du saint, a débuté à la fin du XIIe siècle pour devenir l’un des plus vastes édifices gothiques français. L'édifice est classé monument historique dès 1840 et c'est en 1875 avec le pape Pie IX qu’elle a acquis le titre de basilique mineure.