Retraites, cercles, sessions… À l’heure où les propositions pour femmes, jeunes et moins jeunes, se multiplient et suscitent un intérêt croissant, dans la sphère personnelle comme professionnelle, Béatrice Pelleau, coach professionnel et initiatrice, en France, des sessions Cœur de Femme, s’interroge sur l’origine de ce besoin de se retrouver entre femmes, à l’écart du monde et des hommes. Nous vivons dans une société où la transmission de mère en fille de ce qu’est « être une femme » et comment vivre comme femme, a été mise à mal. Nous avons perdu quelque chose qui était comme une évidence, transmise de mère en fille de génération en génération. Les jeunes-filles reçoivent le plus souvent de la part de leur mère très peu « d’introduction au monde féminin » et dans le même temps, les jeunes filles et les femmes subissent des injonctions multiples et une pression incroyable pour tout réussir : leurs études et leur vie professionnelle, leur vie sociale, leur vie de femme, leur vie sexuelle, leur vie de couple, l’éducation de leurs enfants, et elles doivent en plus réussir leur vie spirituelle ! Et tout cela dans une conscience très limitée et confuse de ce qu’est la nature féminine et ce qu’elle apporte de spécifique au monde.
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Ces diktats sociétaux et familiaux nous poussent à en faire toujours plus, et en conséquence à nous éparpiller, à vivre comme coupée de nous-même et de nos aspirations profondes, avec pour conséquence, bien souvent, un sentiment de dessèchement, de vacuité et un épuisement physique et psychologique. Il me semble que l’engouement pour les propositions de rencontres pour femmes traduit un cri qui n’ose s’exprimer. Ces temps à l’écart dans un cadre bienveillant apportent selon moi une réponse à un double besoin de nos contemporaines : ralentir, appuyer sur un bouton “pause” et se mettre à l’écoute de leurs aspirations profondes.
Un besoin de ralentir le rythme
Depuis quelques décennies, nos rythmes de vie se sont accélérés comme jamais dans l’histoire de l’humanité. Des sollicitations extérieures incessantes viennent remplir le moindre espace de silence ou de solitude. Les notions de réactivité et d’efficacité sont la mesure de notre valeur professionnelle. Or, tout cela va profondément à l’encontre du rythme de la femme, dont le rapport au temps est différent de celui de l’homme : la femme est dans un rythme cyclique, qui offre naturellement, intrinsèquement, une alternance de temps de différentes natures dont des temps de latence, comme des espaces de « respiration » d’où la vie va pouvoir jaillir.
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Grâce aux sessions, les femmes viennent, le temps d’une soirée ou de quelques jours, respirer, souffler, goûter le silence, ouvrir un espace intérieur qui permettra à leurs grands désirs de refaire surface, à la présence de Dieu de se faire entendre. De nombreuses femmes témoignent. J’entends encore une femme me dire : « Je découvre ce que veut dire prendre soin de moi, prendre soin de mon cœur ». La femme est naturellement créative, inspirante, artiste… mais elle a besoin de nourrir sa vie intérieure, de respecter son rythme propre pour que cette source puisse jaillir, pour pouvoir mobiliser toutes ces ressources présentes en elle et les offrir au monde.
Se mettre à l’écoute de ses aspirations profondes
Paradoxalement, il me semble que les combats des féministes depuis 50 ans ont eu pour conséquence de dévaloriser, caricaturer, mépriser tout ce qui fait l’essence du féminin, nous faisant croire que c’était là le chemin de la liberté. Je ne veux pas décrier certaines avancées que ces mouvements ont permis. Toutefois, aujourd’hui, les femmes elles-mêmes ne savent plus qui elles sont. Ne sachant plus qui elles sont, elles ont du mal à avoir une juste estime d’elle mêmes, à écouter leurs aspirations profondes, à leur donner leur juste place, à leur donner de la valeur. Il nous faut retourner aux sources, aux origines pour redécouvrir qui nous sommes comme femmes. Se mettre à l’école de femmes inspirantes : femmes de la Bible, femmes de l’histoire, femmes de notre propre histoire de vie, permet de renouer avec une forme de transmission et de sagesse féminine.
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Vivre des temps entre femmes crée un espace d’échanges, un espace intime dans lequel peut s’expérimenter de manière renouvelée la joie d’être une femme, dans ce qu’elles ont en commun et dans le respect de l’unicité de chacune. De là jaillit une liberté nouvelle, une audace, pour partir à la découverte de leur identité féminine authentique et inventer de nouveaux chemins pour la vivre. La conteuse et psychanalyste Clarissa Pinkola Estes écrit : « Une personne qui vit autorise les autres à vivre ». Puissent nos contemporaines être heureuses de vivre selon leur nature profonde et être ainsi des inspiratrices pour les filles et les jeunes-filles de leur entourage, qui seront les femmes de demain, leur ouvrant ainsi la voie d’un féminisme authentique.