Le Saint des saints
Comme le détaille le Livre des Hébreux (chapitre 9), le Saint des saints était la partie la plus sacrée du tabernacle, la tente de la rencontre où Dieu s’entretenait avec Moïse au cours de l’Exode. Réalisé selon des instructions très précises (Ex 25 - 27), le tabernacle était divisé en deux parties. Dans la première, appelée le Saint, se trouvaient le chandelier à sept branches et la table avec les pains de l’offrande (He 9, 2). Séparée par un rideau, la seconde partie, le Saint des saints, contenait l’arche d’alliance avec les tables de la Loi. Si les prêtres entraient continuellement dans la première pièce pour célébrer le culte, seul le grand prêtre pénétrait dans la seconde, une fois par an, le jour des expiations ou Yom Kippour.
Au Xe siècle av. J.-C., le pays connaît sous le règne du roi Salomon une période de paix, de grande richesse et de puissance. Salomon fait ériger le Temple de Jérusalem sur le mont Moriah, site choisi par son père David. C’est la "Maison pour le Seigneur" (1R 6, 1).
Le premier Livre des Rois et le deuxième Livre des Chroniques décrivent avec beaucoup de détails la magnificence de l’édifice, ses dimensions imposantes, les matériaux précieux utilisés (or, bronze, cèdre, cyprès, pierres de choix …). Le roi y fait aménager "un espace de vingt coudées, en planches de cèdre, depuis le sol jusqu’en haut des murs. Il s’aménagea cet espace intérieur pour en faire la Chambre sainte, le Saint des saints" (1R 6, 16).
Cette pièce sainte sert d’écrin à l’arche d’Alliance, posée sur un autel recouvert d’or :
"Puis les prêtres transportèrent l’Arche de l’alliance du Seigneur à sa place, dans la chambre sacrée que l’on appelle le Saint des saints, sous les ailes des kéroubim." (2Ch 5,7).
Comme dans le Saint des saints du désert, cette pièce est si sacrée que seul le grand prêtre peut s’y rendre, une seule fois par an pour la fête du Yom Kippour.
Le lieu saint par excellence
Chargé d’une haute symbolique, le Temple est le signe de la présence de Dieu parmi les hommes et concentre toute sa sainteté dans la pièce sacrée : l’emploi de la tournure hébraïque "Saint des saints", comme "cantique des cantiques", exprime une idée superlative : c’est le lieu saint par excellence. Cette pièce magnifique, de forme cubique ("vingt coudées de long, vingt coudées de large et vingt coudées de haut"), recouverte d’or fin et sans ouvertures à part l’entrée, est à l’image de la Ville Sainte de Dieu que saint Jean décrira dans l’Apocalypse :
"La ville a la forme d’un carré : sa longueur est égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau : douze mille stades ; sa longueur, sa largeur et sa hauteur sont égales." (Ap 21, 16)
"Le matériau de la muraille est de jaspe, et la ville est d’or pur, d’une pureté transparente." (Ap 21, 18)
"La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau." (Ap 21, 23)
L’expression le Saint des saints est rentrée dans le langage courant au milieu du XIXe siècle. Même si elle ne possède plus exclusivement une dimension religieuse, elle a conservé la notion originelle d’inaccessibilité pour symboliser quelque chose de précieux et intouchable ou un lieu d’une importance sacrée. Plus couramment, elle désigne aussi un endroit stratégique, cercle d’influence et de pouvoir où se prennent les décisions importantes, bref, un lieu hors de portée pour "le commun des mortels".