De retour de son voyage dans les pays baltes, le pape François s’est expliqué sur l’accord qu’il a récemment signé avec la Chine.L’accord avec la Chine, “je l’ai signé moi-même. Le responsable c’est moi”, a déclaré le pape François au cours de la traditionnelle conférence de presse accordée aux journalistes au retour de son voyage apostolique dans les pays baltes. L’explication du Saint-Père se voulait claire. L’accord “provisoire” signé récemment avec Pékin est le fruit de 15 années de travail patient et minutieux. Il y tenait personnellement et a signé, précisant que les dossiers de chacun des évêques ayant demandé la levée de leur excommunication ont été étudiés “au cas par cas sur mon bureau”.
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Pour couper court aux critiques, le Saint-Père a assuré que, suite à cet accord, la nomination des évêques en Chine ferait l’objet d’un “dialogue sur les noms des candidats” mais “c’est Rome qui nommera, c’est le Pape qui nommera”. Il y a quatre jours , le pape François a pris la décision de réadmettre huit évêques chinois — ordonnés sans mandat pontifical — dans la pleine communion ecclésiale. Décision prise dans le cadre de la signature de l’accord entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine.
Un compromis dans un cadre plus large
Cet accord marque un tournant décisif dans les relations entre Pékin et le Saint-Siège, rompues depuis 67 ans (1951), et dans les efforts entrepris par le Saint-Siège pour recomposer sa communauté de fidèles en Chine divisée entre d’un côté l’Église dite “officielle” placée sous la tutelle d’évêques nommés par Pékin et contrainte d’adhérer à l’Association patriotique des catholiques de Chine (APCC) ; de l’autre l’Église dite “souterrain”, qui regroupe des évêques nommés ou approuvés par le Vatican. Cette dernière quelque peu troublée voire sceptique quant à la portée d’un tel accord.
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Au cours de la conférence de presse à bord de l’avion le ramenant vers Rome, le Pape a reconnu que ce genre de négociations n’est pas des plus simples, affirmant qu’il s’agissait d’un “processus de longue haleine”. Pour le Pape on ne saurait s’en étonner, “quand on négocie, quand on fait un traité de paix, les deux parties perdent quelque chose… Deux pas en avant, un pas en arrière”. Oui, des mois se sont écoulés “sans se parler, lentement, c’est le temps de Dieu”, a-t-il confié. Le Saint-Père en a profité pour remercier l’ancien nonce Claudio Maria Celli, très investi dans ce travail délicat, et le cardinal Pietro Parolin, le Secrétaire d’État, qui a étudié tout le dossier, tous les articles de l’accord, avec lenteur et précision, louant leur “patience” et leur “sagesse”.
À peine rentré de voyage, le pape François, au cours de l’audience générale de ce mercredi, est revenu sur la signature de cet accord, expliquant qu’il « est le résultat d’un long chemin de dialogue réfléchi, destiné à favoriser une collaboration plus positive entre le Saint-Siège et les autorités chinoises pour le bien de la communauté catholique en Chine et pour l’harmonie de l’ensemble société”. Il espère voir “s’ouvrir en Chine une nouvelle phase, qui aide à guérir les blessures du passé, à rétablir et à maintenir pleine communion de tous les catholiques chinois et d’assumer avec un engagement renouvelé l’annonce de l’Évangile”. Mais pour cela il ne faut pas que cet accord s’avère “inefficace et stérile”, écrit-il dans un message expliquant aux catholiques chinois la portée de cet accord. Dans son message, diffusés ce 26 septembre, le Saint-Père demande aux fidèles catholiques de Chine d’être des “artisans de réconciliation”, et aux évêques ‘officiels’ réintégrés dans la communion catholique, de montrer leur “unité retrouvée”.
Le Pape se dit conscient de la confusion qu’a pu susciter ce “tourbillon d’opinions et de considérations” autour de cet accord. Il espère toutefois que la pleine communion avec tous les catholiques chinois ouvrira une collaboration fraternelle et pourra “guérir” les blessures du passé.
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