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“Prendre conscience du mal permet de surmonter les moments de doute”

MONT SAINT MICHEL

Cimetière du Mont Saint-Michel.

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Vincent Olivier - Hozana - publié le 24/09/18
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Le père Henri Gesmier – ou Riton – est chapelain de l'église Saint-Pierre du Mont Saint-Michel depuis sept ans. Il avait été auparavant « prêtre au travail » durant 35 ans à la prison de Fleury-Merogis. Orphelin dès deux ans, sa longue expérience des hommes et de leurs souffrances en fait un témoin privilégié de la recherche de Dieu et de son action dans la vie des hommes.

Aleteia : Vous avez participé à la rédaction de la neuvaine à saint Michel sur Hozana.org. Comment êtes-vous devenu chapelain du Mont Saint-Michel ? Avez-vous un attachement particulier à ce lieu ?
Père Henri Gesmier : Je suis de la région et j’étais venu ici pour me préparer à partir aux Philippines. Je n’ai pas pu partir à cause d’un ennui de santé, et l’évêque d’Avranches m’a demandé si je pouvais venir comme chapelain. D’après moi, le Mont Saint-Michel incarne la transcendance de Dieu. Il donne à voir une multitude de signes de l’Évangile : il faut gravir la montagne pour aller à la rencontre de Dieu et il est nécessaire de marcher et braver les périls de la mer. Le Mont Saint-Michel reste, alors que les hommes passent. C’est un signe de la transcendance… Et d’un autre côté, pour le construire, il a fallu amener les pierres par la mer. Tout cela montre l’intelligence de l’homme, cela donne une image positive. Et Dieu est dans cette intelligence, dans tout ce qui est insaisissable. Il ne se laisse pas saisir mais on peut l’apercevoir comme ça. Pour moi, le Mont Saint-Michel c’est ce lieu mystérieux où il y a une adéquation entre le meilleur de moi-même et mes limites. C’est un lieu où l’on peut être vraiment être soi-même, faire face à son histoire et s’aimer avec ses limites.

C’est donc un lieu de rencontre entre Dieu et les hommes ?
Quelle que soit la façon dont on l’appelle aujourd’hui, l’abbaye a été construite pour ça, pour que l’homme sorte de la ville et se mette à l’écart pour prier… Et il y a toujours eu des pèlerins au Mont Saint-Michel. Alors aujourd’hui, on a plutôt des touristes que des pèlerins mais ils sont toujours là. On arrive à les rencontrer par hasard. Et finalement j’ai les mêmes questions qu’en prison : « La souffrance, le mal… pourquoi le mal, pourquoi est-ce qu’on fait certaines choses ? ». Dans ces cas-là, je n’ai pas de réponse à proposer, j’amène les gens à réfléchir sur la condition humaine qui est parfois injuste. Dieu n’explique jamais les choses mais il met sur notre route des gens qui nous éclairent. Je me souviens de Loris, un jeune homme qui s’était mis en tête d’aller jusqu’au Mont Saint-Michel bien qu’il fût athée. Il avait fait le trajet depuis Grenoble à mobylette ! Il était arrivé au moment où je fermais l’église. Il m’a demandé s’il pouvait entrer. Je lui ai répondu : « Bien sûr. Toi tu es vrai pèlerin ». Il est entré, il s’est assis au fond de l’église et il a pleuré pendant une heure. J’étais dans la sacristie, c’est lui qui est venu me voir en partant. Il a dit qu’il avait réalisé que Dieu existait vraiment. Il voulait demander le baptême en repartant. Ce qui est sûr c’est que la rencontre avec Dieu est une démarche volontaire, il y a toujours une marche. C’est tout le sens du pèlerinage.

Le Mont est aussi associé à l’archange saint Michel… A-t-il une influence sur le lieu ?
Bien sûr. Michel veut dire "celui qui est comme Dieu". Le Mont reflète la parole de Dieu mais c’est toujours un archange qui la révèle. Saint Michel, on n’a jamais vraiment su comment le représenter et cela a beaucoup évolué au fil des siècles. Bien sûr, il y a eu le songe de saint Aubert. Mais c’est aussi celui qui pèse les âmes pour aller vers Dieu, donc on l’a représenté avec une balance. Et il accompagne chacun de nous dans les difficultés. La représentation guerrière est venue plus tard. D’ailleurs c’est intéressant : dans les différentes représentations, il peut combattre le Mal mais il ne le touche jamais avec son épée. Cela montre qu’on peut tenir le Mal à distance. On est toujours dans un mouvement, on essaye de ne pas se laisser submerger. Une fois qu’on a pris conscience du mal, on prend confiance qu’on arrivera à surmonter les moments d’échec ou de doute.

Et aujourd’hui vous pensez qu’il a un rôle particulier à jouer, en particulier pour la France ?
Je fais très attention, je pense qu’il ne faut surtout pas prêter nos combats à Dieu… On peut vite arriver à des logiques bizarres. Si on demande à saint Michel de protéger la France, d’accord, mais contre qui ? On voit très vite la limite. Alors oui il y a eu Jeanne d’Arc, mais il ne faut pas dire ça à nos amis anglais. Ce qui est intéressant avec Jeanne d’Arc c’est que justement ses actes étaient inspirés par saint Michel. L’archange est avant tout là pour nous aider dans notre chemin vers Dieu. Le colonel Beltrame, il venait souvent ici : il ne se demandait pas comment il allait agir. Il était pris par sa foi, il s’est laissé transformer et après il a posé ses actes !


Si vous aussi, vous êtes saisi par l’urgence de rencontrer Dieu et de lui demander de vous transformer, vous pouvez confier vos vies à saint Michel en participant à cette neuvaine sur Hozana.org !

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