Le pape François a donné une conférence de presse dans l’avion, à son retour de la 9e Rencontre mondiale des familles, qui s’est clôturée à Dublin dimanche 26 août 2018. Pendant 45 minutes, il a répondu aux questions des journalistes.À son retour de Dublin après la Rencontre mondiale des familles, le 26 août 2018, le souverain pontife a donné la traditionnelle conférence de presse aérienne. Il a répondu à de nombreuses questions au sujet de ses échanges avec la ministre irlandaise de l’Enfance, de l’implication de l’Église auprès des migrants, ou encore de la lutte contre les abus sexuels commis par des membres du clergé.
Alors qu’un journaliste lui demandait ce qu’il dirait au père d’une personne homosexuelle, il a répondu ceci : « Il y a toujours eu des homosexuels et des personnes avec des tendances homosexuelles. Toujours. Les sociologues disent — je ne sais pas si c’est vrai — que dans les périodes de changement d’époque, certains phénomènes sociaux et éthiques grandissent, parmi lesquels celui-ci. C’est l’opinion de certains sociologues ».
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Ignorer son enfant homosexuel, un défaut de paternité
« Mais ta question est claire, a-t-il poursuivi en s’adressant à son interlocuteur. Que dirais-je à un papa qui verrait que son fils ou sa fille a cette tendance ? Je lui dirais premièrement de prier, ne pas condamner, dialoguer, comprendre, donner une place au fils ou à la fille, lui donner une place afin qu’il s’exprime. Et puis, à quel âge se manifeste cette inquiétude ? C’est important. C’est une chose quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par le biais de la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C’est autre chose quand cela se manifeste après vingt ans. Je ne dirai jamais que le silence est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité. Tu es mon fils. Tu es ma fille. Comme tu es. Je suis ton père ou ta mère : parlons. Et si vous, père et mère, vous ne comprenez pas, demandez de l’aide. Mais toujours dans le dialogue. Parce que ce fils ou cette fille a droit à une famille. Et sa famille, qui est-elle ? Ne le chassez pas de la famille. C’est un défi sérieux qui relève de la paternité et de la maternité ».
Pourquoi “psychiatrie” ?
Le fait que le successeur de Pierre prononce le mot “psychiatrie” a largement fait polémique. La formule “par la psychiatrie” a d’ailleurs été retirée de la retranscription officielle publiée ce lundi 27 août 2018 par le Vatican. Le Pape, au terme d’un voyage fatiguant, aurait-il fait une confusion entre les notions de psychiatrie, de psychologie et de psychanalyse ? La psychiatrie est une branche de la médecine agissant sur les troubles mentaux. La psychologie, quant à elle, étudie l’ensemble de la personne pour l’aider à comprendre et à surmonter ses problèmes ou symptômes. Enfin, la psychanalyse est une méthode d’investigation psychologique fondée sur les théories de Sigmund Freud.
Il est important de considérer les propos du pontife en tenant compte de ses origines. En effet, en Argentine, le développement de la psychanalyse est étroitement lié à la psychiatrie et Buenos Aires est souvent considérée comme la “capitale” des idées freudiennes. Lors de ses entretiens avec Dominique Wolton, parus en 2017, le pontife avait révélé qu’il avait lui-même suivi une psychanalyse à l’âge de 42 ans. La confusion n’est pas nouvelle. En 2013, peu après son élection, le pape François avait expliqué qu’il avait choisi de vivre à la résidence Sainte-Marthe, et non au Palais apostolique, pour des raisons de “personnalité, […] pour des motifs psychiatriques”. Une citation qui révèle une certaine confusion chez le pontife, puisque l’expression “motifs psychologiques” aurait sans doute été plus adéquate.
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