Les couleurs ont leur langage symbolique dans la vie quotidienne comme dans la vie liturgique. Dans la religion chrétienne, le blanc, couleur de la lumière de Dieu, est symbole d’innocence, de pureté et de sainteté. "Être blanc comme neige" signifie être innocent et d’une pureté comparable à la blancheur immaculée de la neige. L’expression est parfois teintée d’ironie pour désigner une personne qui agit comme si elle n’avait rien à se reprocher.
Son origine nous vient de l’un des psaumes les plus célèbres de la Bible, le Miserere (le psaume 50 dans la numérotation grecque, 51 dans la numérotation hébraïque) :
"Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige." (Ps 50, 9)
Ce verset, le neuvième du psaume, est aussi appelé Asperges me selon les premiers mots de la traduction latine, et est utilisé pendant la bénédiction et l'aspersion de l'eau bénite en dehors du temps pascal.
Le Miserere (prends pitié) est emblématique des psaumes de pénitence. Il est traditionnellement attribué au roi David. Comme l’explique le pape François dans son audience générale du 30 mars 2016, "il s’agit d’une prière pénitentielle dans laquelle la demande de pardon est précédée par la confession de la faute et dans laquelle la personne qui prie, se laissant purifier par l’amour du Seigneur, devient une nouvelle créature, capable d’obéissance, de fermeté d’esprit, et de louange sincère".
Cette faute qui est confessée, c’est celle que David a commise avec Bethsabée, la femme de l’un de ses officiers, Urie le Hittite. Profitant d’une des absences d’Urie, David séduit Bethsabée qui tombe enceinte. Il fait alors revenir Urie afin qu’il ait des rapports avec sa femme mais celui-ci préfère ne pas rentrer chez lui. David le renvoie sur le champ de bataille avec un message destiné à Joab, son neveu, chef de l’armée, en lui demandant qu’il s'arrange pour qu’Urie soit tué pendant les affrontements, ce qui arrive… Le prophète Nathan lui fait prendre conscience de sa terrible faute (2S 12), que David reconnaît. Il se confesse à Dieu, exprime sa misère et son repentir. Et, en dépit de la gravité ses actes, adultère et assassinat, il se montre convaincu de la miséricorde du Seigneur.
Le pardon divin, plus fort que tout
C’est ce qu’exprime le verset 9. Le psalmiste a confiance en la bonté de Dieu. Il sait que le pardon divin est plus fort que tout, il efface le péché à la racine et permet au pénitent de redevenir pur et sans tache.
La référence à l’eau qui lave et à la blancheur renvoie le chrétien au sacrement du baptême. L’eau du baptême a un pouvoir de purification et de renouvellement et fait des baptisés des êtres nouveaux. Par l'eau, c'est l'amour de Dieu qui se déverse sur nous et qui, en nous, devient source inépuisable. La blancheur traduit la vie nouvelle du Christ transfiguré, de Jésus Ressuscité.
Quant à l’hysope, cet arbrisseau vivace que l'on trouve dans les garrigues des régions méditerranéennes possède de multiples qualités. Expectorante, anti-inflammatoire, sédative ou encore antiseptique, elle servait à fabriquer des aspersoirs (comme quelquefois le buis de nos jours) utilisés dans les rituels de purification (Ex 12, 22, Nb 19, 18). Elle est également citée au moment de la Passion (Jn 19, 29).
Ce psaume constitue donc un appel vibrant à Dieu, le seul qui puisse libérer du péché. "Dans cette prière se manifeste le vrai besoin de l’homme", analyse le pape François. "L’unique chose dont nous avons vraiment besoin dans notre vie est celle d’être pardonnés, libérés du mal et de ses conséquences de mort… Pardonner signifie pour Dieu nous donner la certitude qu’il ne nous abandonne jamais. Peu importe ce que nous avons à nous reprocher, Il est encore et toujours plus grand que tout (cf. 1 Jn 3, 20), plus grand que notre péché."