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Faut-il être “aimable” pour plaire à Dieu ?

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Jean-Michel Castaing - publié le 28/07/18
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La question est angoissante : faut-il être sans défaut pour être aimé de Dieu ? Non, car Dieu aime tous les hommes comme un père aime ses enfants.Certains s’interrogent : « Sommes-nous assez “aimables” pour que Dieu nous aime ? » Derrière cette question se devine une certaine culpabilité. Si nous sommes pécheurs, en vertu de quelle qualité Dieu se prendrait-Il d’affection pour nous ? Peut-on aimer quelqu’un de disgracieux, (je parle ici dans l’ordre spirituel et moral) ?

Dans l’absolu, il est certain que l’homme n’est pas forcément aimable. Dieu nous a aimés le premier, non à cause de nos mérites ou de notre justice, mais gratuitement, comme un Père. Si nous sommes devenus aimables, cela tient à cet amour préventif, premier, du Père des Cieux. Tout est grâce, ainsi que le disait sainte Thérèse de Lisieux.

Une vérité d’ordre psychologique

Cette vérité théologique se soutient d’ailleurs d’une loi psychologique et spirituelle essentielle. Plus un enfant sera aimé, plus il deviendra aimant. Et donc aimable. Car nous sommes aimables en proportion de notre faculté d’aimer les autres. Idem pour un adulte. Plus celui-ci se sentira entouré d’affection par ses proches, ou bien réconforté par Dieu, plus son comportement sera marqué par l’amour de ses frères. Et plus il sera aimé en retour de ces derniers en vertu de son amabilité résultant de son amour pour eux.


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Précellence de l’Amour divin

Cependant, ce qui est vrai dans l’ordre de la psychologie ne peut être totalement transposé en Dieu. Nous ne devenons pas aimables pour Lui en fonction de l’amour que nous Lui prodiguons. Dieu nous a créés de rien, et c’est également « de rien » qu’Il nous aime, c’est-à-dire gratuitement. Il ne fait pas dépendre Son amour de nos mérites ou de notre justice. Un peu comme les parents qui aiment leur nouveau-né, alors que celui-ci n’a encore rien « prouvé ».

Cette vérité de la “précellence” de l’Amour divin trouve sa parfaite illustration dans la personne de la Vierge Marie. Quand une personne a été aimée comme nulle autre par l’Amour en personne, comment ne serait-elle pas aimable à son tour ? En effet, l’amabilité de Marie tient d’abord à son élection par Dieu de toute éternité. De plus, en tant que mère de Jésus, le Verbe incarné, les premiers mouvements d’affections terrestres de celui-ci ont été pour Sa mère, à l’instar de tous les hommes. En devenant la mère de l’Amour incarné, en recueillant les premiers suffrages affectifs de Jésus, l’être-amour de Marie ne pouvait que s’en trouver fortifié. Le sourire du Fils de Dieu a dû conforter Marie dans la conviction que l’être humain était aimable, même s’il n’avait aucun droit à en revendiquer le mérite !


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Seul Dieu est en effet digne d’être aimé en tout ce qu’Il fait et en tout ce qu’Il est. La Trinité a décidé de nous sauver malgré nos ingratitudes et notre manque d’amabilité. Cette philanthropie divine appelle d’autant plus notre reconnaissance que nous étions tous des ennemis de Dieu avant qu’Il ne nous conforme à Son Fils (Rm 5, 6-10).

Aimables parce que créés en Jésus-Christ

Mais quelque part, nous sommes tout de même aimables en nos êtres. Pour la simple raison que nous avons été créés en Jésus-Christ, et par lui. En nous donnant d’exister, Dieu a discerné en nous les traits de son Fils incarné. Laissons de côté la question de savoir si le Verbe se serait fait chair si nous n’avions pas péché. Ce qui est sûr, c’est qu’en nous créant, Dieu, qui est au-delà du temps, avait en tête l’idée de l’Incarnation de Son Fils. Dans Adam, Dieu voyait déjà Jésus-Christ. Nous sommes aimables en Jésus. Et cette amabilité, loin de constituer un titre de créance sur Dieu (puisqu’elle est indépendante de nos mérites), représente plutôt un motif supplémentaire de Lui rendre grâce.


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Aimables parce que sauvés par Jésus-Christ

Oui, Dieu se complaît dans les enfants que nous sommes pour Lui. Mais c’est à Jésus, ainsi qu’à Sa Pâque, que nous sommes redevables d’être devenus Ses fils. La Trinité n’a pas attendu que le pécheur se convertisse pour l’aimer et lui porter secours. S’il avait fallu que nous fussions aimables dans l’absolu, c’est-à-dire dignes d’être aimé par le Dieu trois fois saint, pour que Dieu nous manifeste Sa dilection, jamais Il ne nous aurait adoptés comme Ses fils, comme jamais Il n’eût permis que nous l’appelions « Père ». « Preuve insigne de l’amour de Dieu à notre égard, c’est quand nous étions encore pécheurs que le Christ est mort pour nous. » (Rm 5, 8). Preuve aussi que l’amour de Dieu pour nous ne doit pas générer dans nos cœurs de la culpabilité mais de la gratitude, et surtout de la joie.

Dieu ne nous aime pas pour nous faire « sentir » la distance entre Son amabilité et la nôtre, mais plutôt afin de la combler, de sorte à ce que nous entrions en amitié avec Lui.

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