Comme le bébé qui a besoin d’un apprentissage pour savoir parler et communiquer avec les autres, le chrétien a besoin d’apprendre la “langue de la prière”, pour communiquer en profondeur avec Dieu . Il n’y a pas mieux que méditer et prier un psaume pour ne plus se sentir abandonné, pour crier son mal-être à Dieu, pour implorer l’aide de Dieu ou Lui demander pardon, et pourquoi pas lui exprimer nos doutes sur Son existence véritable, lorsqu’on est au plus mal et que l’on se sent perdu. Pourtant, si beaucoup d’hommes et de femmes disent se sentir “chez eux” en priant avec les psaumes, beaucoup d’autres ont des difficultés à entrer dans cette forme de prière.
Les moines bénédictins olivétains de L’abbaye Notre-Dame de Maylis, dans les Landes de Gascogne, bien placée pour donner des conseils sur la prière quotidienne, reconnaissent que prier avec les psaumes demande quelques clefs de compréhension mais assurent qu’il n’y a pas plus complet et inspirant que ses versets pour entrer en vraie communication avec Dieu.
Paul Claudel (1868-1955) dramaturge, poète, écrivain et diplomate, converti au catholicisme un soir de Noël, était un grand amateur des psaumes. Il en a traduit 103 sur les 150, certains à deux ou trois reprises. Et il en témoigne : “Ouvre ce livre, et prête l’oreille à l’énorme rumeur qui s’en dégage“.
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Un apprentissage par étapes
Comme tout apprentissage, apprendre à prier avec les psaumes se fait par étapes. C’est comme apprendre une langue. On apprend “la langue de la prière”. Les bénédictins de Maylis comparent cet apprentissage à celui des bébés, en manque de communication totale – si ce n’est par des grognements et des pleurs – jusqu’à ce qu’ils finissent par acquérir tous les rouages de la communication, à force de répéter, de faire des associations et de capter le sens des mots, des phrases. “Ce qui est valable dans l’ordre de la communication entre personnes humaines – assurent-ils – l’est aussi dans l’ordre de la communication avec Dieu : il faut apprendre à communiquer avec lui”.
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Ainsi, l’homme de prière, doit commencer par écouter les mots de la prière tels que Dieu les utilise. Et même si au premier abord il ne comprend pas tout, il s’aperçoit très vite que tel ou tel verset exprime très bien ce qu’il voudrait dire à Dieu. Et il doit persévérer jusqu’à saisir le mouvement du psaume, sa logique. Il remarquera que les choses sont dites souvent deux fois en des termes différents. Elles se répètent pour mieux pénétrer.
Au début, se concentrer sur un ou deux psaumes, puis deux ou trois. Et les réciter calmement mais en tachant d’imprégner chaque mot, chaque phrase et sa signification. Parmi les images utilisées, certaines sont plus faciles d’accès, car elles appartiennent à la symbolique de tous les temps et de toutes les cultures. Elles nous sont donc plus familières. D’autres sont marquées davantage par la culture dans laquelle la Bible est née. Elles demanderont plus d’efforts.
150 psaumes, 150 invitations à prier
Il faut se dire que les psaumes renferment tous les mots de la prière chrétienne. Ce sont 150 invitations à une prière qui parle au cœur ! Chaque psaume confie au Seigneur une expérience de vie que chaque personne peut retrouver comme un écho dans sa propre existence. Et des psaumes, il y en pour toutes les circonstances. Individuelles et collectives. Les bénédictins de l’abbaye de Maylis citent six exemples de versets dits « porteurs » :
- Pour demander pardon “Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour” – Ps 50,
- Pour louer Dieu “Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton Nom !” — Ps 18,
- Pour implorer son aide “Dieu, viens à mon aide, Seigneur à notre secours” – Ps 69,2,
- Pour exprimer un élan de désir de Dieu “Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube” – Ps 62,
- Pour demander à Dieu la grâce de faire sa volonté “Incline mon cœur vers tes exigences, non pas vers le profit” – Ps 118,
- Pour dire sa confiance “En toi, Seigneur, j’ai mon refuge” – Ps 30 ; « Garde-moi, mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge » – Ps 15.
Mais l’homme de prière ne se contentera pas de répéter des versets isolés. “En persévérant, il va découvrir que le psaume lui-même a une dynamique interne, que ses versets se succèdent… Il va apprendre à suivre le cours du psaume… Et petit à petit, il s’y retrouvera parfaitement… jusqu’à faire de ce psaume sa prière à lui”, assurent les bénédictins .
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L’exemple de Marie
Et on n’a pas meilleur modèle que Marie pour apprendre la langue des psaumes et comprendre leur portée merveilleuse. Dans son Magnificat, chanté après l’Annonciation, (Lc 1,46-56), les bénédictins de l’abbaye de Maylis ne compte pas moins de 16 citations ou allusions aux psaumes : 9,15 ; 13,6 ; 31,8 ; 35,9 ; 111,9 ; 71,19 ; 103,17 ; 61,6 ; 100,5 ; 89,11 ; 113,7 ; 107,9 ; 34,11 ; 98,3 ; 25,6 ; 18,51. Non seulement Marie employait les mots des psaumes, mais elle a été capable de s’en servir pour exprimer une louange toute nouvelle qui n’avait jamais été inventée jusque-là. Elle est donc la preuve que cet apprentissage est “vraiment” nécessaire pour savoir “vraiment” communiquer avec Dieu.
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