Face au nombre croissant d’attaques contre les hommes d’Église, la Conférence épiscopale mexicaine a rédigé un manuel inédit de recommandations pour aider prêtres et laïcs à se protéger.Au Mexique, l’Église est en première ligne contre la drogue et les narcotrafiquants et doit faire face à des attaques régulières contre les membres du clergé. Aussi l’épiscopat mexicaine a élaboré un véritable “Protocole pour la sécurité” du clergé et des laïcs engagés et menacés par la violence. Ce manuel s’adresse à l’ensemble de la communauté catholique, mais surtout aux “prêtres, religieux, directeurs d’instituts, d’écoles, de couvents ou de tout autre espace religieux : paroisses, chapelles, bureaux, séminaires…”, particulièrement exposés aux risques d’attaques.
Lire aussi :
Mexique : le premier geste hautement symbolique du nouveau président
Rien que dans l’État de Guerrero, dans le sud du pays où se trouvent les champs de pavot et de marijuana, pas moins de six prêtres ont été tués ces dernières années, dont trois rien qu’en avril dernier. Au total, 26 prêtres ont été assassinés dans tout le pays depuis 2012. Sans compter tous ceux qui sont portés disparus et ceux qui ont subi des tentatives d’enlèvement.
Selon le père Omar Sotelos, auteur d’un rapport sur la violence qui touche l’Église au Mexique, relayé par l’agence Fides, le Mexique était en 2017, le pays le plus dangereux au monde pour exercer un sacerdoce. Cette situation a fait chuter le nombre de vocations dans les zones dites “à risque”. Le séminaire de Ciudad Altamirano par exemple, dans le Guerrero, ne compte plus que 19 séminaristes, alors qu’il y a moins de dix ans, ils étaient plus de quarante.
Lire aussi :
Séminaristes, ils se préparent à exercer dans les paroisses les plus dangereuses du Mexique
38 pages de recommandations
Le manuel publié par l’Église mexicaine — un texte de près de 38 pages — offre des recommandations détaillées sur les procédures à suivre à la fois pour prévenir la violence et l’agression et pour y faire face lorsqu’elles se produisent. Cela va des précautions à prendre sur le plan personnel, comme éviter les gestes de routine, fouiller son véhicule avant de monter dedans, avoir toujours son portable et un chargeur à portée de main… jusqu’à des conseils en cas de vols ou d’enlèvements : ne pas prendre de risques inutiles, ne pas perdre son calme, et “dans la mesure du possible et sans risquer son intégrité”, enregistrer, capter des informations ou des détails entendus pendant la séquestration. Le document se base sur l’expérience de nombreux prêtres et évêques en matière de « construction de la paix, de dialogue, de médiation et de procédures de sécurité »,
À voir maintenant si les choses ne vont pas changer avec l’arrivée d’Andrés Manuel Lopez Obrador, élu président du Mexique le 1er juillet. Le président mexicain a déjà annoncé son intention d’inviter le pape François, ainsi que des dirigeants religieux, des responsables d’organisations de défense des droits de l’homme et l’ONU, pour discuter d’une stratégie de paix qui puisse mettre un terme à cette violence du crime qui a déjà fait plus de 200 000 morts depuis 2006.