L’impatience et l’excitation gagnent même les moins sportifs des Français qui redécouvrent soudain une attraction pour le ballon rond qui s’était évaporée. Croyant ou non, l'aficionado bouillonne. Et se pose alors la question suivante : est-il de bon ton de prier pour que son équipe favorite gagne ? Le père Luiz Camilo Júnior, missionnaire rédemptoriste, explique que la prière n’est pas une attitude du cœur qui consisterait à attendre que Dieu se plie à notre volonté et cède à nos caprices. Prier, c’est d’abord se rendre disponible pour que la volonté du Seigneur se réalise dans nos vies. À l’image de la prière de Marie, qui a dit avec confiance à l’ange venu la visiter : "Que tout m'advienne selon ta parole" (Luc 1, 38).
Réduire sa prière à un résultat de match de rugby, de football, de tennis ou autre sport ne serait-ce pas minimiser sensiblement l’action que Dieu peut déployer dans sa vie ? Dieu ne prend pas parti, mais comme un père, il est attentif à ce qui est fondamental dans la vie de ses enfants. La prière devrait être axée non seulement sur le bien de celui qui prie, mais sur le bien de son prochain. Si ce qui lui fait du bien blesse l’autre, alors ce n'est pas la prière qui touche le cœur de Dieu, explique le père Luiz Camilo Júnior.
« Dieu n’en a rien à cirer de savoir qui gagne »
Ce qui n’empêche pas de prier, bien au contraire, mais en réajustant sa prière. Le père René-Luc, lui, a beaucoup joué en club de foot, notamment comme prêtre dans un club de quatrième division. "Je pense que Dieu n'en a rien à cirer de savoir qui gagne", lance-t-il sans ambages. Il explique avec humour que dans son agenda de pasteur bien rempli, les matchs de l’équipe de France sont notés… un an à l’avance. Mieux vaut prévenir que guérir.
"Le foot (le rugby), ce sont de belles valeurs. La bonne question à se poser, c'est celle-ci : “qu'on soit joueur ou supporter, comment vivre en bon chrétien les émotions que suscite le sport ?”. On peut naturellement être déprimé ou surexcité par un résultat, mais ce qui est central, c’est la façon dont on va relativiser. Je pense que le Bon Dieu ne se mêle de foot en aucun cas, mais il prend part aux valeurs que le foot transmet. Si je perds, ce n’est pas une catastrophe. Et si je gagne, au lieu d’écraser l’adversaire, je peux le consoler par rapport à ce qu’il a perdu".
Vivre les valeurs évangéliques en pratiquant le sport
Et d’enchaîner en évoquant l'après-match, ce temps festif à la sortie du match où les joueurs font bonne chère ensemble. "L’attitude non-chrétienne, c’est de rester entre soi et de ne pas aller vers les autres", déclare-t-il. Car si sur le terrain les joueurs sont des adversaires, à l'extérieur, ils peuvent avoir une relation d'amis. Comme aficionado, on peut très bien soutenir une équipe avec ardeur tout en restant chrétien dans ses commentaires. "Les valeurs du sport sont énormes. On parle souvent de l’argent roi et de l’orgueil, mais il y a aussi le partage, l’amitié, la solidarité". À Dieu vat.