Le directeur de l’observatoire du Vatican réagit à la décision du président Donald Trump de créer une Space Force dédiée à la domination américaine de l’espace.Dans un discours prononcé devant le Conseil spatial national américain, le 18 juin, le président Donald Trump proposait la création d’un corps d’armée indépendant. Objectif ? Garantir la suprématie américaine hors de l’atmosphère terrestre. Jusqu’à présent, les activités militaires spatiales telles que la géolocalisation ou les communications étaient gérées en annexe des armées de l’air, de terre et de mer. La création de cette Space Force, si elle est essentiellement administrative, n’en recouvre pas moins une importance symbolique très forte, car elle semble mettre fin au principe de neutralité de l’espace. En effet, jusqu’à présent, aucun conflit n’a opposé des hommes entre eux hors de l’atmosphère terrestre.
The new Space Policy Directive builds on the President’s efforts to reinstate the U.S. leadership role in space ➡️ https://t.co/piTPUyKW1H pic.twitter.com/Azh3YLGJxz
— The White House 45 Archived (@WhiteHouse45) June 18, 2018
“Une évolution inquiétante”
Le 22 juin, depuis le forum Unispace +50 à Vienne, le frère Guy Consolmagno, directeur de l’Observatoire du Vatican, déclara voir dans cette proposition une “évolution inquiétante” de la vision de la conquête spatiale. L’éventualité de connaître un nouveau théâtre de conflit dans l’espace, comme sur terre, en mer et dans le ciel, présente des perspectives effrayantes. Tous les pays du monde partagent une frontière avec l’espace, rappelle le frère, aucun ne sera à l’abri. Il enjoint donc aux autorités : “Laissez une chance à la paix dans l’espace !”
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Aux yeux du frère Consolmagno, l’éventualité de voir la création d’une “armée de l’espace” serait surtout une initiative désastreuse parce qu’elle contredirait les enseignements de l’exploration spatiale. Aux yeux de cet astronome passionné, les missions qui ont mené l’humanité hors de l’atmosphère terrestre l’ont fait grandir. Il prend en exemple la célèbre photo du “lever de Terre”, prise depuis l’orbite de la Lune par l’astronaute William Anders durant la mission Apollo 8. “Cette simple image rappelle à la communauté internationale que sa maison commune a besoin de notre soin, que tout dommage qui lui est fait est un dommage fait à toute l’humanité”.
Un besoin profondément humain
Aux yeux de ce religieux, l’exploration spatiale a des intérêts économiques. “Dans les cinquante prochaines années, nous serons sans doute à même de forer des matériaux sur des astéroïdes”, prévoit-il. Elle nous offre aussi la possibilité de prévenir, dans un avenir proche, des dommages que pourraient provoquer la chute d’un météore. Il rappelle qu’en 2013, par exemple, l’explosion d’un “superbolide” à la verticale de la ville sibérienne de Tcheliabinsk, fit un millier de blessés.
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Mais ces raisons pragmatiques de s’intéresser à l’exploration spatiale ne sont pas les principales, note-t-il. “C’est un besoin profondément humain de découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux environnements, qui motive les scientifiques”, constate-t-il. Nous n’explorons pas l’espace pour dominer nos prochains, ni pour trouver notre pain quotidien, nous le faisons parce que cela nous apporte de la joie, analyse-t-il. Cette joie vient de ce que nous rencontrons le Créateur dans sa Création. Tel saint Athanase ou saint Paul, frère Consolmagno croit que Dieu se révèle dans sa Création, et que par l’Incarnation, c’est la Création elle-même qui est sacralisée.