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De Pigalle à Massabielle, des prostituées en pèlerinage à Lourdes

PROSTITUTES PILGRIMAGE
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Domitille Farret d'Astiès - publié le 21/06/18
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Début juin, l'association Aux captifs, la libération a emmené une quinzaine de personnes en situation de prostitution en pèlerinage à Lourdes. Une expérience spirituelle très forte dont témoignent des femmes au parcours cabossé.

Certaines, comme Aoki et Annick*, sont sorties du bois depuis plusieurs années. D’autres y sont encore. L’association Aux captifs, la libération les accompagne là où elles en sont, selon ce qu’elles désirent. Accueil, compassion et rencontre inconditionnelle sont les maîtres-mots des équipes. « Ce sont des personnes avant d’être des prostituées », souligne Alexandra Chapeleau, salariée de cette association fondée en 1981 par le père Patrick Giros.

Cette année, alors que le diocèse de Paris organisait début juin un pèlerinage à Lourdes, Chemins de fraternité, une quinzaine de personnes en situation de prostitution accueillies au sein de l'antenne Sainte-Rita (Paris IXe) se sont jointes à la démarche. Ces personnes (essentiellement des femmes) « travaillent » ou « ont travaillé » au bois de Boulogne, dans le quartier de Pigalle, boulevard des Maréchaux…  Personnes transsexuelles d’Amérique du Sud, Nigérianes victimes de la traite humaine, femmes d’origine française en situation de prostitution depuis des années... Elles viennent d’horizons variés. Même si le regroupement culturel est présent, beaucoup parmi elles restent en marge. Car assurément, prostitution rime avec solitude.

La rencontre gratuite et fidèle

« Notre premier objectif est avant tout de les rencontrer, de comprendre ce qui les anime. Quand le lien de confiance est créé, les cœurs s’ouvrent, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. Ensuite seulement, nous pouvons proposer un accompagnement si elles le désirent », insiste Alexandra Chapeleau.

LOURDES-CAPTIFS-PROSTITUTION
Charles Plumey

Pour la plupart, c’est leur premier pèlerinage dans la cité mariale des Pyrénées. Ces quelques jours hors du temps leur permettent de rompre avec leur routine. En effet, au bois ou dans la rue, elles n’ont jamais de repos. Pour elles, ce pèlerinage est un véritable cadeau. Ici, elles sont accompagnées par Nathalie, responsable de l’accueil Sainte-Rita, et le père Pierre-Olivier, aumônier là-bas. « Elles ont tout fait », explique Alexandra. « Les offices, la visite de la grotte, même les piscines. Beaucoup sont Péruviennes. Là-bas, les personnes homosexuelles et transsexuelles sont rejetées. À Lourdes, elles ont découvert la miséricorde et ont eu profondément envie d’aller se confesser. C’est très important qu’elles se sentent accueillies par l’Église ».

Sur le chemin du retour, plusieurs parmi elles ont pu témoigner de la transformation intérieure qu’elles ont ressentie. « Pour moi le moment le plus fort a été la piscine », raconte Eliana. « J’ai senti une émotion que je ne peux décrire et après une grande paix. Je me suis sentie lavée de ma saleté et le poids que je portais sur les épaules est parti ». Eliza, elle, explique qu’elle s’est confessée pour la première fois depuis son enfance. « Je suis heureuse et je me sens en paix », déclare-telle.

À Lourdes, la « belle dame » est apparue à une petite fille toute simple. Nul doute, aujourd’hui encore, elle parle à tous ceux dont le cœur blessé a soif de l’amour de Dieu.

*Les prénoms ont été modifiés.

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