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Il passe dix jours avec son fils SDF

HOMELESS
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Sylvain Dorient - publié le 14/06/18
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Père d’un jeune homme souffrant de troubles bipolaires et toxicomane, Frank a rejoint son fils pour vivre avec lui, au milieu de l’enfer de la drogue et de la rue.L’idée lui est venue alors qu’il s’occupait de son jardin, à San Diego en Californie. Frank en était arrivé à la conclusion qu’il devait faire quelque chose… Ou plutôt quelque chose d’autre, car son épouse Deloris et lui-même avaient tout tenté pour sortir leur fils Tommy de la spirale infernale dans laquelle il s’était enfermé. Affecté de troubles mentaux, il était devenu accro à l’héroïne malgré les efforts de ses parents pour l’inscrire en cure de désintoxication. Il errait à présent dans les rues de Denver, à leur grand désespoir ; ils avaient épuisé tous les recours.



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Le couple connaissait à présent les parcours de réhabilitation, les groupes de paroles, et Frank ressassait ce qu’il y entendait : “Avec l’addiction il y a trois issues possibles, la sortie de la drogue, la prison ou la mort”. Mais Frank ne savait que trop bien que son fils ne coopérerait pas avec un nouveau programme de réhabilitation, il avait déjà expérimenté, douloureusement, son refus. Quant à la prison, elle ne résolvait rien. Son fils y avait déjà fait des séjours, mais il en ressortait à chaque fois. Et même entre quatre murs, il trouvait toujours une solution pour se procurer des drogues. Alors Frank laissa là ses instruments de jardinage, rejoint sa femme dans la maison et lui dit : “Deloris, j’ai une idée. Je vais à Denver et je vais vivre dans la rue”. Une décision folle… mais Frank était persuadé que les jours de son fils étaient comptés !

Un sac de 50 livres

Frank s’envola pour Denver avec pour tout bagage un sac à dos de 50 livres, chargé d’un nécessaire de randonneur : une bouteille d’eau, une tente, un kit de premier secours et quelques vêtements. Il passa sa première nuit à l’aéroport avant de se mettre à la recherche de son fils, au Civic Center Park. Le lieu était hanté par les sans abris et les drogués. Et Frank les aborda en leur demandant : “Avez-vous vu Tommy ?” On finit par lui indiquer un lieu de distribution de seringues.


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Son fils faisait la queue. Son père remarqua tout de suite qu’il était déjà sous l’emprise de l’héroïne : “Je voyais bien que sans le mur auquel il était adossé, il aurait été incapable de tenir debout”. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait ainsi, et il savait à quoi s’en tenir. Quand il s’approcha de lui, son fils lui tourna le dos, mais Frank ne s’en préoccupait pas : “Je l’ai pris dans mes bras, le serrant aussi fort que je pouvais. Je lui disais, encore et encore, combien je l’aimais, combien toute la famille l’aimait”.

Malgré l’accueil glacial de son fils, Frank resta avec lui dix jours. Ce fut une expérience éprouvante pour le père, qui voyait l’ampleur de l’addiction de son fils. La drogue obnubilait, il ne vivait que pour elle, utilisant cyniquement les personnes pour l’obtenir.

Le père du fils prodigue

Sans jamais lui parler de réhabilitation, sans condamner la conduite de son fils, Frank a découvert le monde impitoyable de la rue. “Cette expérience m’a marqué pour le restant de mes jours”, témoigne-t-il. Vivant avec les sans domicile, il a partagé avec eux le mépris dont ils font l’objet. Pendant ces dix jours, il a eu le sentiment de devenir un citoyen de seconde zone. Cela l’a rendu très attentif à ces personnes avec qui il tâche de passer du temps, à présent.

L’expérience de Frank, dans la rue, n’a pas sauvé Tommy. Comme le père du fils prodigue, Frank ne peut pas le ramener par la force. Il attend à présent, sur le pas de sa porte. Et il raconte sa tentative dans un livre au titre en forme de promesse : Je serai avec toi à chaque minute de la journée.

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