L’examen du projet de loi par les 257 députés argentins, qui a débuté mercredi après-midi, s'est terminé par un vote en faveur de la dépénalisation et de la légalisation de l'IVG. Il a été approuvé à une étroite majorité de 129 voix contre 125 et une abstention. Dans le détail, le texte débattu autorise l’IVG jusqu’à la 14e semaine de gestation. Il doit désormais être envoyé au Sénat, réputé plus conservateur.
L’IVG est actuellement possible dans le pays en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. D’après différentes estimations, environ 500.000 avortements clandestins sont réalisés chaque année dans le pays pour 720.000 naissances. 2.700 mères-filles, âgées de 10 à 14 ans, accouchent tous les ans, estime l’Unicef.
Portés par le mouvement féministe #NiUnaMenos, les partisans du « oui » à la légalisation évoque souvent le cas très récent d’une fillette de 10 ans qui aurait été violée par son beau-père. Si la législation lui permettait en théorie d’avorter — sa grossesse résultant d’un viol —, elle en a été empêchée : la fillette se trouvait enceinte depuis 21 semaines mais la province de Salta, où elle réside, a fixé la limite pour une IVG à… 12 semaines.
Alors que l’Église du pays a marqué son opposition à une évolution de la loi, le pape François a appelé les Argentins « à apporter leur contribution à la défense de la vie et de la justice ». Des milliers de fidèles ont ainsi marché dans les rues de Buenos Aires, le 26 mars, pour manifester leur opposition à cette réforme.
Pour mémoire l’Argentine, pays d’origine du pape François, a été le premier pays d’Amérique latine à autoriser le mariage pour tous en 2010. Dès 2011, l’Argentine a également l’un des premiers pays au monde à reconnaître d’un point de vue légal l’existence d’un « troisième sexe ».
Mercredi soir, des dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées à Buenos Aires devant le Congrès. Les partisans du projet de loi d'un côté de la place, les opposants de l'autre. Selon les instituts de sondage, l'opinion publique est majoritairement favorable à la légalisation de l'avortement. Mais dans l'hémicycle, les députés ayant annoncé leur intention de voter "non" sont 126, alors qu'ils ne sont pour l'instant que 123 en faveur du "oui".