Voici 20 ans, Éric Tabarly disparaissait en mer d’Irlande après une chute en mer. Ses deux grandes victoires dans la Transat Anglaise, en 1964 puis en 1976, ont joué un rôle fondamental dans la course au large en France. Retour sur cet homme de mer qu’Olivier de Kersauson, qui fut son second, surnommait « l’idole des houles ».Dans la nuit du 12 au 13 juin 1998, le navigateur breton Éric Tabarly est mort noyé au large du pays de Galles, projeté par-dessus bord alors qu’il se trouvait sur son Pen Duick. Celui qui fut officier de marine s’est passionné très tôt pour la course au large, remportant plusieurs courses océaniques, contribuant au développement des activités nautiques et faisant découvrir à la France populaire la voile de compétition. Inventeur brillant, il a été l’un des précurseurs du développement du multicoque. Navigateur de légende, on le surnommait “le sage de la mer”.
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On le disait intègre, entier, audacieux. Sa femme a déclaré qu’il aimait “passionnément la France, la mer et les bateaux”. L’homme n’est pas particulièrement connu pour sa foi. Il nourrissait même de grands doutes, ainsi qu’il le confie dans Mémoires du large. « Un jour je me suis demandé pourquoi ce Dieu d’amour permettait autant […] de misères sur terre. La réponse, peut-être me la fournira-t-Il dans l’au-delà. […] Parfois, pourtant, je doute de mes doutes ». L’objectif n’est donc pas d’en faire celui qu’il n’était pas, mais de reconnaître combien la passion d’un homme pour une entité en laquelle il croit peut rayonner au-delà de sa personne et incarner un idéal fédérateur.
Le 21 juin 1998, lors de la cérémonie d’hommage au marin disparu, son épouse, Jacqueline Tabarly, prononce un discours sobre et limpide, se faisant « la voix » de son mari. Elle affirme haut et fort que “la mer n’est pas méchante, la mer l’a pris, elle ne l’a pas volé”. Cette mer qui n’a été qu’une “matrice” au sein de laquelle son homme “est revenu”, lui permettant de rentrer “dans la maison du Père”. Cette mer “source de vie, de puissance, de force et d’alliance entre les hommes”. Cette mer par qui la France, belle et radieuse, chère au cœur du sempiternel marin, a “un rôle à jouer dans le monde à venir”.
Olivier de Kersauson, celui-ci même qui déclare que “même les funambules peuvent glisser sur un trottoir”, dit de son frère d’équipage dans une interview : “Il y a des gens dont la lumière met du temps à s’éteindre parce qu’ils étaient très lumineux, tout simplement”. Un homme du large, des canots et du roulis dont le souvenir n’a de cesse d’inspirer les âmes du temps présent.
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