C’est un petit joyau qui décorait l’un des plus beaux tombeaux funéraires de l’époque médiévale. Une statuette de moine pleurant, volée pendant la Révolution française et actuellement entre les mains d’une famille depuis des générations, est toujours revendiquée par l’État depuis 2015. L’affaire a été portée jusqu’au Conseil d’État qui doit désormais trancher. À qui appartient ce pleurant estimé à 2 millions d’euros ? La question reste encore difficile à trancher. Volée durant la Révolution française, cette petite statuette est désormais au cœur d’un bras de fer opposant le Ministère de la Culture et la famille qui en a hérité. Cette bataille, qui dure depuis plusieurs années, semble davantage pencher en faveur de l’État qui avait déjà reçu deux décisions de justice favorables en 2015 et 2017.
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Dans la famille depuis le XIXe siècle
En 2014, Marie-Claude Le Floc’h et ses deux sœurs souhaitent vendre la statuette achetée par leur arrière-grand-père en 1813. Naturellement, elles font une demande de certificat d’exportation. Après vérification de l’origine de l’œuvre, la direction générale des patrimoines interdit la vente et réclame sa restitution gratuite, considérant que le “pleurant” appartient au patrimoine public.
La vraie question soulevée par cette affaire concerne la propriété des œuvres disparues ou volées durant la Révolution française et qui se retrouvent, actuellement, entre les mains de propriétaires privés. À la Révolution, tous les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation par décret du 2 novembre 1789. Les œuvres volées à cette période appartenaient donc à l’État. C’est sur cet argument que s’appuie la défense du Ministère de la Culture.
Qui a raison qui a tort ?
Pour maître Biget — qui défend actuellement un dossier semblable concernant un manuscrit du Mont Saint-Michel également revendiqué par l’État — l’argument du décret de 1789 n’est pas solide car votée par la convention nationale dans une période trouble. « Depuis quelques années le Ministère de la Culture a totalement changé sa manière d’opérer et revendique des biens en s’appuyant sur des arguments historiques qui sont très flous. Autant la loi de 1905 est très claire, elle a été votée par le Parlement au nom du peuple français, elle est donc imparable. On peut en contester la philosophie si on le souhaite, mais on ne peut pas contester sa légalité. Pour le décret de 1789, c’est un très grand flou”, avait-il confié à Aleteia.
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Actuellement, les sœurs Le Floc’h revendiquent toujours la propriété de cette œuvre et estiment être spoliées par l’État. Si le Conseil d’État ne tranche pas en leur faveur, elles espèrent pouvoir obtenir une indemnisation qu’elles estiment légitime. Si le Conseil d’État donne raison au Ministère de la Culture, ce dernier devra quand même prouver sa propriété au moyen de documents d’archives. En attendant la décision, les moines du tombeau de Philippe le Hardi pleurent toujours leur compagnon.