“Champions”, film espagnol actuellement au cinéma, aborde le sujet du handicap mental et de la possibilité d’avoir un enfant classé hors-norme. Une paternité singulière et pourtant merveilleuse se profile à l’horizon.Marco Montes est l’entraîneur adjoint de l’équipe de basketball espagnole, dont il se fait virer à cause de sa mauvaise conduite. Il vient de se séparer de sa femme qui voudrait un enfant, alors qu’il n’est pas prêt, et vit alors chez sa mère. C’est ce qui le conduit à s’enivrer et à s’en prendre aux forces de police. La poisse ou la providence lui tombe alors dessus : l’équipe de basket “Les Amis”, formée d’amateurs sportifs handicapés mentaux, a besoin de lui. Il freine les quatre fers pour y perdre le moins de temps possible, tant il pense à son métier et à son confort. Il est évidemment difficile de s’adapter à un contexte si particulier, où chaque coéquipier a ses petits défauts et particularités, auxquels il n’est pas habitué. Le directeur de l’association le guide dans son apprentissage humain, comme un maître de vie.
Comment former une équipe ?
Fier, méprisant, colérique, ambitieux et immature, sont les handicaps de Marco. Ses “enfants” passagers, quant à eux, ont des retards mentaux dûs à des complications pendant la grossesse ou lors de l’accouchement. Des absences répétées à l’hypocondrie obsédante, du syndrome de Down à des comportements inexpliqués, le lot des bizarreries est bien garni. Il leur faut pourtant former une équipe, s’entraîner dans la perspective de championnats nationaux et tenter, tant que possible, de gagner. Comment former une équipe ? La question se pose aussi bien pour le couple que pour “Les Amis”. Dans les deux cas, il faut reconnaître ses peurs, ses fragilités mais aussi surmonter la tristesse pour se laisser gagner par la joie. Il se prend des câlins déconcertants et des questions qui le sont tout autant d’un côté, de l’autre, il apprend à ne plus fuir, à mieux se comprendre, jusqu’à oser la possibilité d’avoir un enfant qui ressemble à ceux de son équipe de basket, à cause de l’âge avancé de sa femme.
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“Nous ne sommes pas parvenus à le remettre sur la bonne voie, mais il s’en est bien sorti quand-même”, avoue comme une vérité l’un des membres de l’équipe des “Amis”, au moment où leur entraîneur les quitte. Ils sont restés soudés jusqu’au match final, au niveau national. Ces champions ont perdu, de justesse, et on les voit heureux comme s’ils avaient gagné. “C’est mieux d’être un marin ou un sous-marin ?”, interroge l’un d’eux, face à l’incompréhesion de Marco, qui ne se remet pas de la défaite. “Alors c’est mieux aussi d’être un sous-champion plutôt qu’un champion”. Son plus beau sourire du film éclate alors, comme s’il comprenait enfin l’essentiel. Et eux le remercient d’avoir été comme un père pour eux, de les avoir considérés comme des personnes et de les avoir protégés.
Si l’on passe outre quelques trivialités, ici et là, ce film est un bon phare pour suivre la bonne voie. Il n’est pas exempt de références à la religion, mais son réalisateur Javier Fesser semble surtout vouloir mettre en avant la relation humaine. “Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés” semble bien plus l’intéresser. Et finalement, Champions, ce n’est pas un regard différent porté sur les personnes handicapées mentalement qui ferait une nouvelle vision du handicap. C’est celle de la définition du handicap elle-même. Est handicapé celui qui ne sait pas aimer, ni respecter l’autre, ni être heureux et qui ne sait pas non plus surmonter ses peurs. Le dire revient sans doute à enfoncer une porte ouverte, ou à prononcer un voeu pieux, il reste qu’il en est ainsi et de même au regard du Créateur. Et puis, combien en dénombrer alors ? Mission presque impossible.