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Présidentielle au Venezuela : voter ou non, le dilemme des électeurs

VENEZUELA
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Ramón Antonio Pérez - publié le 19/05/18
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Le président Nicolas Maduro vise ce dimanche 20 mai sa réélection dans un pays ruiné par la crise lors d’un scrutin présidentiel anticipé à un seul tour sans rival de poids, boycotté par l’opposition et non reconnu par une grande partie de la communauté internationale. L’archevêque de Caracas, le cardinal Jorge Urosa, souhaite « que chacun décide de participer ou non en fonction de sa conscience ».Ces derniers jours, la grande partie des Vénézuéliens fait face à un dilemme : voter ou ne pas voter aux élections présidentielles du 20 mai ? Cette préoccupation, ils l’ont depuis que l’opposition, rassemblée dans une coalition baptisée Table de l’unité démocratique (MUD), échaudée par le déroulement des derniers scrutins, estime que « le système électoral du Venezuela est désormais frauduleux » et que le gouvernement de Nicolas Maduro se conduit de manière « antidémocratique ». Si bien que la MUD refuse de participer à ces élections si le gouvernement ne garantit pas immédiatement un Conseil national électoral impartial ; la tenue du scrutin au second semestre 2018 ; la participation de tous les partis politiques ; la suspension des disqualifications des candidats de l’opposition ; la libération des prisonniers politiques et l’ouverture d’un canal humanitaire pour laisser entrer de la nourriture et des médicaments dans le pays. Autant d’exigences repoussées par le gouvernement en place


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Pour justifier son refus de participer aux élections, l’opposition avance par ailleurs que l’organisation de l’élection a été attribuée à l’Assemblée nationale constituante (ANC), entité qui n’a pas été élue conformément à la loi vénézuélienne et qui se borne aujourd’hui à appliquer les décisions de Nicolas Maduro. L’opposition n’accorde donc aucun crédit à cet organisme et demande d’ailleurs sa suspension immédiate. Mais ces élections se déroulent dans un climat singulier puisqu’en plus d’être boycotté par l’opposition, elles n’ont pas le soutien de la communauté internationale et encore moins celui de l’Église vénézuélienne. « Voter aujourd’hui au Venezuela n’est pas la garantie d’un choix » peut-on d’ailleurs lire comme slogan sur des affiches. Comme pour convaincre la population de ne pas voter, alors même que le gouvernement de Nicolas Maduro encourage la population à se rendre aux urnes.

Un cardinal au créneau

Le cardinal Jorge Urosa Savino, archevêque de Caracas, a tenté de dissiper tout malentendu quant à la position de la Conférence épiscopale du Venezuela (CEV). Quelques heures après la clôture de la campagne électorale, il a déclaré sans détour : « Il est faux de dire que les évêques vénézuéliens appellent à ne pas voter (…) Que chacun décide de participer ou non en fonction de sa conscience », a-t-il enjoint rappelant par là une position prise par la CEV : « Concernant les élections à venir, nous les évêques avons émis le 23 avril un document dans lequel, compte tenu de la crise socio-économique et politique au Venezuela qui frappe surtout les plus pauvres, nous demandons de reporter les élections ». Actuellement, environ 5.000 Vénézuéliens fuient chaque jour leur pays. En cinq ans le PIB du pays, pourtant riche d’importantes ressources pétrolières, a fondu de 45% selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15% en 2018 et une inflation de 13.800%.


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« Face à des problèmes humains d’une telle ampleur, la tenue des élections présidentielles prévues le 20 mai prochain est délégitimée, a rappelé l’archevêque de Caracas. Dans la mesure où elles sont organisées sans les garanties suffisantes définissant tout processus électoral libre, fiable et transparent, avec d’innombrables disqualifications de candidats potentiels, loin d’apporter une solution à la crise dans le pays, elles peuvent aggraver la situation et le conduire à une catastrophe humanitaire sans précédent, a souligné le prélat. Par conséquent, il est urgent de les reporter les élections au dernier trimestre 2018 ».

Les chrétiens appelés à prier 

L’Assemblée nationale a approuvé le 15 mai un accord dans lequel il a été décidé d’entériner le caractère de « simulacre électoral » du scrutin, « car il constitue un acte fallacieux dont le seul but est de donner de la légitimité au régime d’oppression, alors que le peuple souffre des conséquences de la pire crise de son histoire ». Dans une lettre, le cardinal Jorge Urosa Savino a aussi invité « tous les croyants à se rendre dans nos églises le samedi 19 et le dimanche 20, jour de la Pentecôte, pour demander à l’Esprit Saint la paix au Venezuela et la résolution des conflits de manière pacifique. »



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Les églises seront donc, peut-être, les seuls lieux et espaces publics à être bondés ce 20 mai. Certes, les fidèles et les électeurs se demanderont si cela vaut la peine d’aller voter à une élection où certains candidats sont présentés comme des « adversaires », mais en réalité, comme l’ANC, ils sont faits « à l’image » du gouvernement Maduro. Et voilà le dilemme.

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