10 jours sans écrans, c’est le défi proposé par une école d’Urrugne, dans le Pays basque, et étendu aux autres établissements scolaires de la région, afin de contrôler l’emprise des écrans au sein des familles.« Apprendre aux jeunes à vivre avec les écrans dans une relation maîtrisée et choisie », c’est l’objectif que s’est fixé un groupe pilote émanant de l’école Saint-François-Xavier d’Urrugne (64), en proposant à tous les établissements scolaires de la région, mais aussi aux crèches, aux associations, aux municipalités, et aux médiathèques, de relever le défi de passer dix jours sans écrans, du 15 au 24 mai.
Un Défi québécois, repris par les écoles basques
Le Défi 10 jours sans écrans, initié en 2003 par le Québécois Jacques Brodeur, consiste à proposer aux élèves le défi collectif de remplacer, pendant 10 jours, le temps passé habituellement devant les écrans par des jeux, des activités, des ateliers, des rencontres, favorisant l’initiative et la créativité. Une quinzaine d’établissements y participent (Hendaye, Urrugne, Hasparren, Garazi, Saint-Palais, Salies, Gan, Bizanos, Pau, etc.), ce qui représente près de 2500 élèves. Dix jours qui leur permettront de voir le monde autrement, et d’apprendre à distinguer les écrans qui rendent service des écrans qui asservissent.
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En pratique, les enfants sont invités à participer à des activités organisées par l’école, les parents, les associations ou les collectivités territoriales, en contrepartie du temps passé devant les écrans (télévision, tablette, ordinateur, console de jeux, smartphones…). Chaque élève gagne un point chaque fois qu’il se passe d’écran sur cinq temps précis de la journée pendant toute la durée du défi (le matin avant d’aller à l’école, à midi, au retour de l’école, pendant le repas du soir, avant de se coucher). Il tient quotidiennement à jour un carnet de bord. On cumule quotidiennement les points de la classe ou de l’école de manière à vivre le défi comme une réussite collective et à s’encourager les uns les autres. Chacun reste libre de participer ou pas au défi.
Combattre l’invasion des écrans dans les familles
L’idée part du constat que les enfants passent de plus en plus de temps devant les écrans. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : on compte aujourd’hui dix écrans par foyer en moyenne, 4h36 de visionnage par jour pour les 8-12 ans (Étude US Commun Sense Media, 2015), et 64% des enfants de moins de 5 ans regardent la télévision le matin (sondage TNS, Sofres, pour Parents 2014).
Selon Sabine Duflo, psychologue clinicienne et thérapeute familiale au centre médico psychologique infanto juvénile de Noisy-le-Grand (93), les familles, bien que présentant une grande diversité culturelle, présentent une uniformité de cadre de vie en ce qui concerne les enfants : pour la majorité d’entre elles, la télévision et plus généralement les écrans, sont devenus la principale source de stimulation, le principal éducateur.
La méthode des quatre « pas »
Spécialiste de la question des écrans, Sabine Duflo est à l’origine de la méthode des quatre « pas », qui aide à diminuer la consommation d’écrans pour les enfants comme pour les adultes. Voici comment elle se décompose : pas d’écrans le matin, pas d’écrans durant les repas, pas d’écrans avant de s’endormir, pas d’écrans dans la chambre de l’enfant. Mettre en place ces quatre temps sans écrans permettrait à l’enfant d’être plus attentif en classe, de mieux développer son langage, sa pensée, son imagination, sa capacité à être seul, son autonomisation et de faire la distinction entre le réel et le virtuel.
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