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“Monsieur-je-sais-tout”, la comédie réussie de l’année ?

MONSIEUR JE SAIS TOUT
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Louise Alméras - publié le 11/05/18
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Touchante, drôle et bienfaisante, cette nouvelle comédie française sortie le 9 mai au cinéma, avec Arnaud Ducret et Max Baissette de Malglaive, vaut le détour.Librement inspiré du roman La surface de réparation d’Alain Gillot (Flammarion, 2015), ce long-métrage écrit et réalisé par Stéphan Archinard et François Prévôt-Leygonie est une respiration dans le paysage du cinéma français. De bons dialogues et un bon script au service d’un sujet bien plus souvent traité outre-Atlantique (Rain Man ou Will Hunting dans un autre style). Si le scénario ne fait pas l’économie des ficelles classiques du genre (à la française), elles ne prennent pourtant pas le dessus sur la réussite globale du film et surtout sur l’incroyable interprétation du jeune comédien, toujours juste sans jamais être caricatural, qui apporte beaucoup à l’intérêt du film.

De la douceur envers les incompris

Léonard va vous faire rire, pleurer et réfléchir, peut-être trop si vous essayez de le suivre, même si le foot deviendra sa passion grâce à son oncle Vincent, un entraîneur professionnel. Plutôt bourru et indépendant, il se retrouve à devoir s’occuper de son neveu, dont il ne connaissait pas l’existence, suite à une hospitalisation de sa mère, la grand-mère de Léo. Il découvre alors les singularités du rapport à la vie d’un jeune atteint du syndrome d’Asperger, l’une des formes rares de l’autisme. Cela ne va évidemment pas être sans conséquences sur l’avenir qu’il avait prévu.


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Des scènes hilarantes illustrent avec bienveillance les particularités de l’autisme, des comportements répétitifs aux obsessions, en passant par celles de l’intelligence, extrêmement vive et pourtant en décalage avec les difficultés relationnelles d’une personne autiste. Vincent est d’un naturel colérique, ce qui ne fait pas bon ménage avec la sensibilité de son neveu de 13 ans. Quand le premier ne jure que par le football, le second a une préférence pour la supériorité des échecs, qui lui permet de combler son besoin d’exercer son intelligence. Pourtant, leur relation, au début imposée et compliquée, va progressivement évoluer quand chacun se résout à s’adapter au monde de l’autre, notamment grâce à l’arrivée d’une nouvelle femme médecin. Elle fait ici figure d’apparition et de médicament, si la douceur pouvait être appelée ainsi.

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Comment survit notre lumière intérieure ?

Cette comédie évoque avec une grande agilité la condition d’un autiste Asperger, et les dangers qu’il encourt au moindre repli sur lui-même, susceptible d’éteindre sa petite lumière intérieure et de le faire passer pour un cas psychiatrique qui peut devenir lourd.

Léo ne serait-il pas une loupe de cette fragilité communément humaine, de cette responsabilité que nous avons chacun envers la lumière de l’autre? S’il est effectivement bien plus fragile que la plupart des gens c’est aussi à cause de son cerveau un peu trop performant, dans certains domaines. Quel paradoxe dans une société où l’intelligence est perçue comme un bien que d’aucun s’arracherait, et où avoir un enfant surdoué ou l’être soi-même est considéré comme une grande victoire ou du moins une couronne de laurier que l’on aime ou aimerait brandir. C’est mal comprendre la réalité qui se cache parfois derrière la forme prise par l’intelligence, et les complications qu’elle peut entraîner dans une vie. Ce film attire ainsi l’attention sur un cas extrême, l’autisme Asperger, qui a le mérite d’être assez bien illustré. Comme aime à le répéter Léo : “Je dis la vérité, je dis toujours la vérité“. Ce qui n’est pas faux, aussi surprenant soit-il de la part d’un ado de 13 ans.

La vérité pour les autres

Au-delà de l’histoire de Léo, qui prend goût aux entraînements de football à mesure qu’il sort de sa bulle, le long-métrage soulève les questions des tabous et des ruptures au sein d’une famille. Celles qui ont été subies par Vincent l’ont fait devenir cet homme un peu superficiel qui ne pense qu’à sa carrière d’entraîneur. De la pudeur, ou de l’orgueil, dont il a hérité de son père, il en paie autant les conséquences par l’illusion du détachement.


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C’est ainsi, d’une famille peu unie en apparence, pourtant aisée et éduquée, peut dépendre un destin malheureux sous son verni de bonheur, quand le coeur a été trahi. Vincent l’a vécu, Léo peut encore le vivre. Mais quand les tabous de famille s’évaporent enfin, la lumière peut reprendre sa place et la joie transfigurer les blessures les plus fortes.

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