L’acteur Jim Caviezel tient l’un des premiers rôles de ce film, Luc l’évangéliste, pour lequel il est aussi producteur exécutif. Paul est incarné par James Faulkner, récemment aperçu dans Atomic Blonde et Final Portrait où il jouait le fils du peintre Henri Matisse.
Connu pour ses épîtres du Nouveau testament, dans les Actes des Apôtres, la conversion de Paul de Tarse sur le chemin de Damas est un élément fondamental de la naissance de la chrétienté. De cette rencontre bouleversante avec le Christ, le soldat change résolument de vie et devient l’un de ceux qu’il a poursuivis. Il s’adresse alors sous forme de lettres aux Éphésiens, aux Corinthiens, aux Hébreux et à bien d’autres peuples. Les écrits pauliniens ont été rédigés avant les Évangiles et fondent les débuts de la théologie chrétienne. Paul s’est fait le grand messager de la grâce, "Là où le péché abonde, la grâce surabonde", et de l’amour.
Paul de Tarse, le converti devenu apôtre
Saint Paul est prisonnier, sous les ordres de Néron, l’empereur un peu fou et taxé de monstruosité. Il se laisse accuser en silence d’avoir brûlé une partie de Rome, lors du grand incendie de 64, faute de preuves pour sa réelle incarcération. Les chrétiens sont persécutés, brûlés vifs dans les rues, relégués à la place la plus basse de la condition humaine. Luc visite alors clandestinement le prisonnier pour recueillir son message, son témoignage de foi, lui qui devint de manière assez inattendue un apôtre du Christ. Entre temps, l’Évangéliste se réfugie à l’écart avec d’autres chrétiens, dont Aquila et Priscilla, pendant que le préfet Mauritius s’inquiète pour la santé de sa fille unique...
Dès le début, nous sommes plongés dans une atmosphère confinée, le soir dans les rues de Rome, alors que l’on met feu à des corps de chrétiens comme on allume une torche. Un homme affronte le danger de la ville en se faufilant à travers les chemins escarpés menant à la prison. Le grand incendie de Rome a détruit une partie de la ville, devenue sombre, l’ombre d’elle-même. Des chrétiens se réfugient aux portes de la ville pour échapper aux persécutions et se demandent s’ils doivent rester ou fuir, avant qu’il ne soit trop tard, alors que les orphelins et les veuves sont tués sans concession. Hors de question pour eux de répondre par la violence, même si la tentation est grande : l’amour doit rester coûte que coûte leur seule arme.
Luc ne désespère pas et va rejoindre Paul, le "vieil homme" comme il l’appelle, dans sa cellule. Il achète son passe-droit au prix fort sous peine de risquer la mort. Comment Paul, qui n’a pas connu Jésus, peut-il être le témoin vivant de son message ? Fouetté, courbé et reclu dans sa prison, il se rappelle sa vie de soldat romain poursuivant les chrétiens pour les persécuter, jusqu’au jour où Jésus lui est apparu pour lui demander : "Pourquoi me persécutes-tu ?" Tourmenté par son passé, il revoit depuis les visages des innocents, morts sous son ordre injustement. Il fortifie alors sa foi et ne la remet jamais en cause, dictant ses souvenirs afin qu’ils ne soient pas oubliés. Les flash-backs n’apportent pas en profondeur, mais servent à comprendre l’histoire de saint Paul.
Un film dédié aux martyrs de la foi
Finalement, quelles sont les raisons de continuer à croire quand tout est contre eux et les espoirs minimes ? Le grand mystère de la foi et la certitude de trouver la lumière, enfin, au-delà de la mort. Cette question, le préfet Mauritius se la pose aussi. Les chances de survie de sa fille baissent au fil des jours, les dieux ne répondent pas à ses sacrifices et sa femme lui reproche sa mort. Et par là de lui arracher le plus grand bonheur de sa vie. Il sait que Luc est également un éminent médecin et il devra choisir entre le sacrifice de son orgueil et celui de sa fille s’il décide de lui demander son aide. Désespéré, il se rend armes baissées chez les chrétiens. C’est le manque de haine, l’absence du désir de vengeance et la charité qui le frappent alors.
Que signifie aller vers la lumière et cheminer pour la trouver ? Tant de manières d’y répondre et pourtant une voie commune pour y aller. En ce sens, le calme et l’humilité des deux hommes de Dieu, Paul et Luc, face à la mort sont exemplaires. D’ailleurs, les rayons du soleil envahissent l’écran quand Paul s’entretient avec Mauritius, le préfet de Tullianum, ou bien se cachent, quand l’intérieur de la prison recueille leurs divergences. Quant aux autres, ils la trouveront en allant à la mort avec dignité ou en sortant de leur enfermement. Et Paul de dire dans la première Lettre aux Corinthiens : "C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus-Christ".
Nous sommes presque deux mille ans plus tard et les thèmes abordés paraissent toujours autant d’actualité, certains extrêmes en moins, comme les chrétiens jetés dans l’arène pour les jeux du cirque. Mais quand il est fait mention des enfants tués à la naissance, pour le moindre défaut, cela peut nous sembler une réalité assez proche à bien des égards. Tout comme la répression subie pour ne pas honorer les dieux de la République romaine qui rappellent ce que peuvent subir des chrétiens sous des régimes totalitaires. Rome ne se contentait pas de tuer les chrétiens. Les scènes nous épargnent vraiment des vues difficiles, mais certaines âmes sensibles doivent être vigilantes.
Ce film est un jeu d’ombres et de lumières. D’un scénario américain où la vulnérabilité est toujours maîtrisée pour ne pas trop se montrer, la caméra bouge sans cesse, comme tiraillée elle-même par la terreur et le drame qui se trame. Elle nous emmène pourtant vers la paix.
Et quand tout s’arrête, comme pour prendre vraiment conscience du martyre sans âge, sans limites et toujours actuel, on peut lire : "Ce film est dédié à tous ceux qui ont été persécutés pour leur foi", avant que le générique ne commence.