Lors de la 16e Biennale internationale d’architecture, du 26 mai au 25 novembre 2018, le Saint-Siège aura pour la première fois son pavillon à Venise. Pour illustrer le thème de l’événement, “Freespace”, l’État pontifical a commandé auprès de grands architectes internationaux une série de chapelles mobiles.La participation du Vatican à la Biennale internationale d’architecture est inédite. Il s’agit d’approfondir “un dialogue entre l’architecture contemporaine et la spiritualité”, assure le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, à l’origine de cette initiative. Annoncée en janvier, la présence du Vatican sur la petite île de San Giorgio Maggiore, face à la place Saint-Marc, a été confirmée fin mars après que les architectes aient enfin donné leur aval. Du Japon, d’Europe, d’Amérique latine, des États-Unis et d’Australie, dix chapelles inédites, spécialement conçues pour l’événement, feront ainsi face à la basilique légendaire. Parmi les participants, le Britannique Norman Foster et le Portugais Eduardo Souto de Moura, tous deux de renommée internationale.
Un projet inédit de “Chapelles du Vatican”
Le cahier des charges demandé par le Vatican aux architectes vise à respecter l’environnement et à permettre aux chapelles d’être déplacées et réutilisées après l’événement, selon le modèle de la Capella nel bosco (la Chapelle dans le bois), de l’architecte suédois Gunnar Asplund. Construite à Stockholm dans les années 19220, elle est la source d’inspiration principale des participants.
Francesco Dal Co, directeur du département d’histoire à l’Institut universitaire d’architecture de Venise et commissaire du pavillon du Saint-Siège, a précisé que l’artiste suédois considérait la chapelle comme “un lieu d’orientation, de rencontre, de méditation nonchalamment ou naturellement formée à l’intérieur d’un vaste terrain bordé d’arbres, évocation presque labyrinthique du parcours de la vie et du pèlerinage de l’homme attendant la rencontre”. C’est dans cette optique que le dialogue entre le spirituel et l’architecture doit avoir lieu, hors du rôle précis de lieu de culte d’une église, pour respecter le cheminement et l’intention de tout homme avant de vouloir y entrer.
Les arts au service de l’évangélisation
Le cardinal Ravasi se réjouit de cette nouvelle rencontre entre art et foi à travers l’architecture après les participations du Vatican aux Biennales d’art contemporain en 2013 et 2015. “Des architectes d’horizons divers et d’expériences diverses” vont “représenter l’incarnation du temple dans l’histoire, le dialogue avec la pluralité des cultures et de la société” et “représenter la catholicité qu’est l’universalité de l’Église”, a-t-il souligné. Conscient de la difficulté de collaborer avec des artistes contemporains, évoquant même un “divorce déchirant” depuis le début du XXe siècle, le prélat décrit un “chemin de rencontre” qui “se nourrit de suspicion et d’hésitation réciproques et même de la peur d’empirer les choses”. Il attribue cette réussite au pontificat du pape François, qui a exalté “l’utilisation des arts dans l’évangélisation, en s’appuyant sur les trésors du passé, mais aussi en s’appuyant sur la grande variété des expressions contemporaines pour transmettre la foi dans un nouveau langage de paraboles”.
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En faisant un pas vers le monde de l’architecture, à l’occasion d’un de ses plus grands événements mondiaux, le Vatican illustre déjà cette volonté de lier “le visible et l’invisible” et se place au-dessus des discordes en invitant à redécouvrir “la beauté, le silence, la voix intérieure et transcendante”, que le cardinal appelle de ses vœux. Les chapelles seront présentées dans quelques jours prochain à Venise avant le début de la Biennale le 26 mai.